Subtile étrangeté
Le travail de Yumiko Utsu met en avant des compositions uniques et surréalistes, où les décors exploitent textures et univers kitsch pour mettre en relation des éléments culinaires et d’étonnantes créatures. Poissons, coquillages, insectes et légumes s’y retrouvent ainsi mis en scène au côté d’objets qui incitent le spectateur à la réflexion, dans une œuvre où l’imagination est reine. Le tissu, d’où ressortent textures et couleurs, et les poupées, doubles anthropomorphiques déviants, ont souvent pour rôle de porter ses images à la vie. Et Yumiko Utsu a pour habitude de tester différents éclairages sur la matière, en amont de ses compositions. Ce qui en fait sans doute la première artiste photographique japonaise à exprimer l’humour avec autant d’éloquence, comme le souligna le jury du festival Paris Photo en 2008… juste avant que le grand Elliott Erwitt ne lui demande un autographe.
Le réalisateur Jan Svankmajer et le photographe Mark Borthwick font partie de ceux qui l’inspirent, comme un œil averti l’aura remarqué dans ses images. Et si certains ont qualifié son travail de kimo-kawaii (mignon-vulgaire), la force des photos de Yumiko Utsu réside surtout dans leur capacité à briser la représentation d’un objet pour l’amener à révéler une vérité universelle.
'Banana Eyerush', 2013
©Yumiko Utsu, courtesy of G/P gallery
'Octopus Portrait', 2009
©Yumiko Utsu, courtesy of G/P gallery
'Octopus Eye Cat', 2007
©Yumiko Utsu, courtesy of G/P gallery
©Yumiko Utsu
Yumiko Utsu
Née à Tokyo en 1978, Yumiko Utsu étudie à l’Université de Waseda avant de sortir diplômée en photographie de l’école Shashin Gakuen. Elle remporte en 2006 le Grand Prix du salon Hitotsubo (Tokyo), puis celui du Good Piece of Work décerné par le jury du concours New Cosmos of Photography. Sa série « Hakobune no Soto » (« En dehors de l’Arche ») est publiée par Artbeat Publishers en 2009, et en 2017 son travail « Trash Cans for Hearts and People with No Soul » est exposé au Fotofestival de Lodz (Pologne).
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