The Blood Brothers, la rencontre entre le Cameroun et le Japon
Les sculptures de Serge Mouangue offrent une association inédite entre ces deux cultures et leur artisanat.
“The Blood Bothers” by Serge Mouangue | Photo © Véronique Huyghes & Mario Simon
Mêler des savoir-faire, des cultures jusqu’alors distantes. C’est dans cet esprit qu’est né The Blood Brothers de Serge Mouangue. Ces œuvres associent la sculpture sur bois du Cameroun à la laque urushi, l’un des vernis les plus résistants au monde, produit par une famille d’artisans de Tokyo qui travaille notamment pour l’Empereur.
Ces personnages de bois pygmée ont été réalisés par l’artiste Serge Mouangue dans le cadre de sa plateforme Wafrica — “wa” est le mot le plus ancien du Japon et signifie harmonie / paix —, et ont été pensés comme un hommage au Japon frappé par un tsunami en 2011.
Interroger les notions d’origine et d’identité
Né au Cameroun avant de s’installer en France avec sa famille, Serge Mouangue passe ensuite quelque temps au Japon. C’est là que le déclic se fait. Il prend alors conscience des similitudes et des liens à créer entre les traditions japonaises et africaines, et décide de faire de son art une combinaison de ces deux cultures, et ainsi d’interroger les notions d’origine et d’identité. Le succès est immédiat au Japon et Serge Mouangue nommé “TED Fellow” en 2011 – un titre décerné aux personnalités à suivre dans le pays. Autre élément ayant participé à son importante visibilité dans les médias, son “kimono africain”, réalisé avec le designer Kururi, a été mis en lumière par l’actrice Victoria Abril au Festival de Cannes en 2017.
En 2011, The Blood Brothers est exposé au Museum of Art and Design de New York dans le cadre du Global Africa Project. Considéré par les curateurs du musée comme « la première rencontre entre l’Afrique et le Japon dans l’histoire de l’art », l’institution était prête à débourser 420.000 $ pour l’acquérir ; une proposition refusée par Serge Mouangue comme il le relate dans une interview à Influencia.
Basé à Paris, le projet Wafrica compte également des collaborateurs à Tokyo, Kyoto et Yaoundé au Cameroun.
The Blood Brothers (2011) est une oeuvre de Serge Mouangue à retrouver sur le site internet du projet Wafrica.
“Japon Afrique intimes” at Maison de la Culture du Japon - Paris © Gaëlle Cloarec
“Sisters” © Nicolas Omet
“Hanékazé” ©Anthony Bernier
“Golgoth” © Serge Mouangue
LES PLUS POPULAIRES
-
Mokuren, des couteaux japonais pour tous
Imaginés par Elise Fouin et le coutelier Yutaka Yazaki, ces ustensiles s’adaptent au marché européen sans sacrifier à la technicité nippone.
-
Guide de survie en société d'un anti-conformiste, épisode 1 : Les choses que je fais en secret pour éviter qu’on ne lise dans mes pensées
Dans cette série, l'auteur Satoshi Ogawa partage les stratégies originales qu’il met en place pour faire face aux tracas du quotidien.
-
Kurotani, le village par excellence du papier washi
Situé au Sud-Est de la préfecture de Kyoto, le village de Kutorani est toujours l'un des principaux producteurs mondiaux de papier washi.
-
Le kanso, l’un des sept piliers du wabi-sabi
Signifiant « simplicité », « sobriété » ou encore « pureté », ce principe issu de la philosophie zen incite à l'élimination du désordre.
-
La communauté transgenre tokyoïte des années 1970 immortalisée par Satomi Nihongi
Dans sa série “'70S Tokyo TRANSGENDER”, la photographe présente une culture et une esthétique en marge des normes sociales.