L’heure du thé par Thomas Jeppe

Illustrant ce que l'artiste définit comme du « journalisme abstrait », ce projet nous plonge dans les codes et le faste propres à la cérémonie du thé.

30.07.2021

Thomas Jeppe ‘Der Philosophe’ 2012 Oil and enamel on canvas, wood 123 x 153 cm

Le projet intitulé Asiatische Adlernase occupe Thomas Jeppe depuis de longues années. Il est né en 2010 d’une discussion avec « un galeriste allemand (Florian Baron) qui a quitté le monde de l’art pour partir à la recherche d’un objet culturel prestigieux, reposant sur un raisonnement objectif ». Pour le galeriste, cet objet était le thé de Taïwan.

La conversation entre Florian Baron, Thomas Jeppe et son ami et collaborateur Thomas Baldischwyler, a révélé que la tentative d’introduction par le premier du thé de Taïwan en Allemagne était rendue ardue par de complexes questions culturelles, « résultant principalement de la dualité Est / Ouest et des clichés qui y sont associés » précise un communiqué de presse.

Né en 1984 en Australie, l’artiste Thomas Jeppe s’intéresse aux histoires sociales liées à la production culturelle, et s’exprime à travers la peinture, la photographie, la sculpture et des publications.

 

 Le prestige japonais

En 2012, Thomas Jeppe a effectué un voyage à Taïwan, « attiré par la culture des maîtres, les rituels locaux, l’altermondialisme et les difficultés liées à la transposition culturelle. » L’artiste a appuyé ses recherches sur The Book of Tea (1906) de Kakuzo Okakura, qu’il considère comme le catalyseur du prestige propre à l’univers du thé depuis le XXe siècle. Au cours des conversations avec ses collaborateurs, Thomas Jeppe livre des détails minutieux. « Je lisais The Book Of Tea, qui présente les caractéristiques des salons de thé au Japon… Toujours la plus petite pièce de la maison, d’un mètre carré. Mais il explique également que la création de cet espace demande autant d’efforts et de réflexion que la construction d’un manoir. »

En 2012 les recherches de Thomas Jeppe ont donné lieu à une exposition à la Galerie Conradi de Berlin, présentant six grandes peintures basées sur une lampe découverte dans un manoir du XIX siècle situé à Taipei. Une publication a également été réalisée à l’occasion, comprenant l’interview originale de Florian Baron et Thomas Baldischwyler. L’ensemble du projet mené par l’artiste, composé d’entretiens, d’œuvres d’art, d’expositions et de recherches sur le terrain, est une exemple de ce que Thomas Jeppe appelle le « journalisme abstrait », soit une création artistique reposant sur « une investigation rigoureuse et une digression latérale dans l’analyse de contextes culturels… Le journalisme abstrait procède de divergences, légères ou importantes, par rapport au sujet ou au champ d’investigation initial. »

 

La série  Asiatische Adlernase (2012) de Thomas Jeppe est publié par Edition Taube.

Thomas Jeppe ‘Asiatische Adlernase’ (1–6) 2012 Oil and enamel on canvas, wood 253 x 103 cm

Thomas Jeppe ‘Asiatische Adlernase’ (1–6) 2012 Oil and enamel on canvas, wood 253 x 103 cm