Un festival pour honorer les liens entre le Japon et Hawaï
Dans la série “Kipuka”, la photographe Ai Iwane met en lumière la perpétuation de la mémoire à travers le festival Bon Odori.
“Kipuka” © Ai Iwane
À partir du XIXème siècle, des ouvriers, notamment japonais, ont émigré à Hawaï pour travailler dans les exploitations de canne à sucre. Si ce secteur économique a, au fil du XXème siècle, perdu de son importance, la mémoire de ces travailleurs demeure, à travers un festival organisé chaque été dans 90 temples bouddhistes d’Hawaï. Un événement dans lequel s’est plongée la photographe Ai Iwane, raconté dans Kipuka (2018).
Née en 1975 à Tokyo, Ai Iwane a étudié aux États-Unis, à la Petrolia High School, où elle a concentré son travail sur les thèmes de l’autosuffisance et d’un mode de vie éco-responsable, mais également l’observation de la vie de différentes communautés aux Philippines, en Russie ou à Taïwan.
Déracinement et liens perpétuels
Le titre du livre, Kipuka, renvoie au terme hawaïen désignant un lieu laissé intact après une coulée de lave, une allégorie d’une mémoire perpétuée. Le nom du festival, Bon Odori, est issu d’une danse bouddhiste japonaise vieille de 500 ans, effectuée en l’honneur des esprits des ancêtres. Ai Iwane s’est intéressée à la chanson “Fukushima Ondo”, originaire de la région dévastée en 2011. Dans ses photographies, des portraits surgissent de l’obscurité, des visages sont projetés sur des plants de canne à sucre et capturés. La mémoire des ancêtres danse alors aux côtés des habitants, non loin de la lave encore en mouvement. L’artiste présente une histoire faite de déracinement et de liens perpétuels et associe ces moments à des clichés de la zone d’évacuation de Fukushima et des cimetières des Issei — la première génération d’immigrés —, aujourd’hui abandonnés.
Ces photographies ont été réalisées grâce à un Kodak Cirkut, un appareil souvent utilisé par les immigrés japonais à Hawaï pour capturer leurs moments en famille à l’occasion des enterrements précise le communiqué publié à l’occasion de l’exposition de ce travail à la Kana Kawanishi Gallery. La série a été exposée en 2018 à la Kanzan Gallery de Tokyo, et a été récompensée par le 44ème Ihei Kimura Photography Award (2019). Ce travail a également donné naissance à un film intitulé Bon-Uta, A Song from Home.
Kipuka (2018), une série de Ai Iwane éditée par Seigensha Art Publishing, Inc.
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
“Kipuka” © Ai Iwane
LES PLUS POPULAIRES
-
La tradition des œufs noirs du volcan de Hakone
Dans la vallée volcanique de Owakudani, de curieux œufs noirs aux vertus bienfaisantes sont cuits dans les eaux sulfuriques.
-
COMME des GARÇONS, la mode déconstruite de Rei Kawakubo
Erigée en opposition aux normes esthétiques occidentales la marque bouscule les notions de beauté, de genre et de corps.
-
Les “sento” et saunas les plus en vogues à Tokyo
La culture des bains est toujours vivace à la capitale où bains publics et saunas pensés par des architectes de renom ne cessent d'ouvrir.
-
“Dans les eaux profondes”, un essai qui mêle intime et politique
Akira Mizubayashi décrypte dans son ouvrage le rituel du bain japonais, ciment d'une société dont il critique les nombreux travers.
-
À l’époque Edo, les criminels étaient tatoués
Les tatouages traditionnels avaient une signification très forte, les meurtriers étaient tatoués sur le visage, les voleurs sur le bras.