Junko Shimada, une mode joyeuse et intemporelle

12.12.2019

TexteManon Baeza

Caractérisée par sa spontanéité, sa bonne humeur, sa rigueur, sa curiosité et son humour, Junko Shimada (qui nous assure avoir 20 ans malgré sa chevelure argentée), nous a ouvert les portes de son intimité et de son vestiaire coloré. Rencontre avec l’une des figures de proue du vêtement japonais, qui prouve que la mode peut être frivole et engagée.

Après une enfance passée au Japon, Junko Shimada quitte son pays natal dans les années 60 pour étudier à Paris afin de réaliser son rêve d’antan : travailler pour Levi’s, aux Etats-Unis. Seulement, prise dans le tourbillon créatif parisien, Junko s’éprend de la capitale française et commence sa carrière en tant que styliste au sein d’un bureau de tendances, il y a 35 ans déjà. S’ensuit une collaboration avec Cacharel, puis la création de sa marque qui l’amène à multiplier ses allers-retours entre la France et le Japon. “Aujourd’hui, je partage ma vie et mon travail entre Paris et Tokyo”, ajoute la créatrice.

Junko Shimada, c’est un savoureux mélange de légèreté, de féminité nonchalante et de liberté. Des silhouettes fluides et contemporaines qui souhaitent révéler la femme par le biais du vêtement.

“Je voudrais affranchir les codes et les clichés de la tendance, pour des femmes libres avec une personnalité affirmée qui se reflète dans leur apparence. Mon plus grand souhait à travers ma marque, c’est de réussir à provoquer des émotions comme un premier regard, un premier baiser, un premier amour”.

Plus qu’un simple vêtement, Junko Shimada c’est également cette subtile intelligence à mêler l’histoire de la mode française à la culture japonaise avec le souhait d’effacer toutes les différences entre ces deux pays. Grâce à cette approche authentique, la designer élabore une garde-robe de qualité, rehaussée par des coupes intemporelles et des couleurs énergiques et éclatantes. Une mode gaie, durable et dépourvue de quelconque superficialité.

“Historiquement, un peu comme en architecture où la structure est soutenue par des poteaux au Japon et des murs porteurs en occident, on pourrait penser que le vêtement japonais est plat et que c’est le corps qui le soutient. Tandis que  le vêtement occidental serait plus moulé en volume et qu’il structurerait le corps ! Mais il y a plein de contre-exemples… et aujourd’hui la mode est globale, tout se mélange et cela crée de nouvelles identités“, explique la styliste.

En septembre dernier, Junko Shimada présentait sa collection printemps-été 2020 qui explorait une nouvelle fois le thème de l’amour. Pour cela, la créatrice imaginait un jardin d’Eden contemporain élaboré aux côté de Cyprien Chabert, l’artiste qui a dessiné toute la nature luxuriante présente sur le show. Une déco soigneusement peaufinée, qui mélangeait les plantes de tous les continents. Cette dernière collection fait également écho à l’urgence climatique et évoque, avec beaucoup de poésie, une conscience environnementale plus profonde, avec un retour à une pureté originelle.

Au cours des 35 dernières années, Junko Shimada n’a cessé d’explorer ce qui a trait à la rue, aux voyages, à la nature ou encore à sa petite fille, prunelle de ses yeux. Des thèmes constamment repensés mais jamais redondants, qui subliment d’années en années la femme. Un vestiaire qui évolue au gré de ses collaborations, allant de Gotshcho à Cyprien Chaber ou encore Marcoville, toujours choisies selon ses affinités et “sans aucun calcul marketing”, nous assure-elle. Une énergie inspirante qui se traduit au fil de ses collections.