Le kanso, l’un des sept piliers du wabi-sabi

Les canons de l’esthétique japonaise peuvent parfois paraître surannés mais s’il est un principe qui puisse correspondre à notre époque, c’est bien le kanso. Signifiant « simplicité », « sobriété » ou encore « pureté », il s’accorde parfaitement aux envies minimalistes de l’architecture et du design d’intérieur contemporain.
Le kanso fait partie des sept principes de la philosophie zen qui permettent d’atteindre le wabi-sabi, c’est-à-dire un état de conscience de l’imperfection et l’impermanence des choses. A ses côtés, on trouve les concepts de fukinsei (asymétrie), koko (pâtine), shizen (naturel), yugen (grâce subtile), datsuzoku (liberté) et seijaku (tranquillité). Ces principes se trouvent dans la nature mais également dans le caractère et le comportement humain. Il suffirait donc de s’y reconnecter.
De manière plus pratique, notamment dans l’aménagement intérieur, le kanso peut être traduit comme l’élimination du désordre au profit de la sobriété. Une règle que s’est appropriée Marie Kondo, une essayiste japonaise devenue célèbre grâce à sa méthode de rangement qui préconise de se séparer de tous les objets ne procurant pas de la joie. Ce qui compte dans l’application du kanso à la vie quotidienne, c’est de ne pas penser en termes de décoration mais en termes de clarté. Il faut donc omettre ou exclure tout ce qui n’est pas essentiel.
L’intérieur japonais a toujours été organisé selon le kanso. Son espace est bien souvent limité, avec peu de pièces partagées par plusieurs membres d’une même famille et peu de rangements. Lorsque l’on y ajoute un paramètre comme celui de la menace constante des catastrophes naturelles qui fait du Japon le pays de l’impermanence, on comprend mieux qu’il vaut mieux ne pas trop posséder afin d’avoir moins à perdre.
Simplifier permet aussi de mieux apprécier. Ainsi, l’espace vide -ou “ma”- revêt une importance fondamentale dans l’esthétique du kanso. Le vide, combiné à la sobriété et la présence de peu d’éléments dans une pièce, attire l’attention sur ce que l’on souhaite mettre en valeur. Souvent au Japon, cela se traduit par un grand dépouillement comme un unique vase avec quelques tiges arrangées selon les règles de l’ikebana, ou un seul rouleau de calligraphie accroché au mur. Une présentation qui se retrouve dans le tokonoma, l’alcôve dédiée à l’appréciation de l’art que l’on retrouve souvent dans les pièces japonaises traditionnelles.
Etonnamment, le champ d’application du kanso est si vaste qu’il peut concerner aussi les cosmétiques. Il serait ainsi ce qui donnerait sa spécificité à la J-Beauty, le rituel de beauté japonais, qui met l’accent sur la simplicité des produits et la sobriété du résultat.
Repris par de nombreux médias occidentaux avides de nouveaux concepts pour améliorer son intérieur ou parachever son mode de vie minimaliste, le kanso ne saurait toutefois être considéré uniquement en lui-même. Ce n’est qu’inséré avec les six autres principes du wabi-sabi et dans le cadre de la pratique du bouddhisme zen qu’il prend tout son sens. Et éclaire un peu mieux l’esthétique japonaise si particulière.



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