Le Space-Opera d’Isao Tomita
Le compositeur, roi du synthétiseur, est un pionnier de la musique électroacoustique célébré pour son album “Snowflakes Are Dancing”.

“Snowflakes Are Dancing” c) 1974 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.
L’album Snowflakes Are Dancing (1974), considéré comme le chef d’œuvre d’Isao Tomita, est principalement composé de ré-interprétations de l’œuvre de Claude Debussy. À partir de sons — produits grâce à des outils révolutionnaires — se dessinent des couleurs et des atmosphères, marquant le début d’une nouvelle « ère spatiale », hypnotique : un récit de science-fiction dont la trame est sonore.
Isao Tomita a mis en lumière les nouvelles possibilités offertes par les synthétiseurs ; il en a fait davantage qu’un outil de substitution aux instruments existants, en réinventant l’approche de la composition à travers de nouvelles sonorités et textures. L’originalité de ses propositions a ouvert de nouveaux horizons à la musique, et Snowflakes Are Dancing est aujourd’hui adoubé par un public contemporain, sensible à la beauté de ses sons analogiques.
Astronaute analogique
Né à Tokyo, Isao Tomita passe une partie de sa jeunesse en Chine. De retour au Japon, il suit des études d’histoire de l’art à l’Université Keio et prend en parallèle des cours particuliers de composition musicale. Devenu compositeur classique à plein temps, il se voit confier de nombreux projets prestigieux, notamment auprès de la NHK (la télévision publique japonaise) et de l’équipe de gymnastique japonaise aux Jeux Olympiques de Melbourne de 1956 — il compose également la musique du Roi Léo d’Osamu Tezuka.
À partir des années 1960, Isao Tomita se tourne vers la musique électronique, dans une période marquée par les nouvelles possibilités offertes par Robert Moog — et son synthétiseur —, et la popularité de Wendy Carlos, récompensé d’un disque de platine pour ses reprises de musique classique dans Switched-On Bach. Snowflakes Are Dancing connaît immédiatement un succès international : il se place dans le top 50 des charts aux États-Unis et devient l’album classique le plus vendu de l’année. Isao Tomita est le premier artiste japonais nominé dans quatre catégories des Grammy Awards.
Grâce à des tonalités enchanteresses, presque sacrées, des synthés Moog et du Mellotron, Isao Tomita a réalisé nombre d’albums reposant sur des compositions classiques — Pictures at an Exhibition (1976) s’est inspiré de Modeste Moussorgski, Firebird (1976) d’Igor Stravinsky et, dans un style plus futuriste, The Planets (1976) de Gustav Holst. Tandis que ses mélodies abstraites ont jeté les bases de la synth-pop, ses résonances aériennes sont identifiables dans les effets de transe présents dans la dance music. La spatialité singulière de ses paysages sonores semble également avoir participé à l’avènement de « l’ambient music » au Japon.
Au fil de sa carrière, Isao Tomita n’a eu de cesse d’expérimenter, son œuvre évoluant constamment, comme l’illustrent sa composition de musique orchestrale pour accompagner la voix de Hatsune Miku ou ses performances dans des festivals de musique électronique contemporaine. Son travail l’a amené à obtenir de nombreuses récompenses et ce, jusqu’en 2016, année de sa disparition. Aujourd’hui sa musique dépasse les genres et frontières — elle a accompagné les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 —, et occupe une place à part au sein de la scène internationale de la musique expérimentale.
Snowflakes Are Dancing (1974), un album d’Isao Tomita diffusé par RCA Records / Sony Music Entertainment.
Davantage d’informations concernant la discographie et la biographie d’Isao Tomita sont disponibles sur son site officiel et son oeuvre est encore largement disponible en CD et vinyle.

“Pictures At An Exhibition”, c) 1975 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.

“Pictures At An Exhibition”, c) 1975 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.

“Bermuda Triangle” c) 1979 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.

“Kosmos”, c) 1978 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.

“Greatest Hits”, c) 1979 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.

“Greatest Hits Vol. 2”, c) 1981 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.

“Firebird” c) 1976 RCA Records. Avec l'aimable autorisation de Sony Music Archives.
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