“Narayama”, la montagne du sacrifice des anciens
Publié en 1956, ce roman de Shichiro Fukazawa propulse le lecteur dans un village perdu dans la campagne où règne la peur de manquer.
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© Gallimard
Narayama est un ouvrage à la croisée des genres : il a les codes du roman, la brièveté d’une nouvelle et l’univers qui y est déployé par l’auteur Shichiro Fukazawa est fictionnel, mais c’est également le recueil de nombreuses chansons, moyen d’expression préféré des habitants de ce petit village niché au coeur des montagnes.
Si l’on y chante pour témoigner du quotidien mais aussi éduquer les plus jeunes à la vie et aux coutumes du village, la vie n’y est pas de tout repos. Les jours y sont rudes car ici, rien ne pousse ou presque. Le riz s’y fait rare et il est demandé à tous de se nourrir avec parcimonie. La peur du manque, l’angoisse de la famine est prégnante, alors chacun s’organise comme il peut et déjà les rôles se répartissent : il y a les prudents, qui gonflent leurs réserves, les partageurs, les pingres mais aussi les chapardeurs. Au milieu de tout ceci, deux protagonistes : la veuve O Rin, 70 printemps, et son fils, veuf lui aussi et père de quatre enfants, Tappei.
Questionner la place des aînés
Shichiro Fukazawa met en exergue leur histoire et le dernier voyage d’O Rin : le pèlerinage de Narayama. Pour éviter de devenir un poids, tant pour la famille que pour la communauté, tous les habitants âgés de 70 ans doivent se rendre au sommet du mont Narayama, dite « la montagne aux chênes », pour y mourir. Narayama, malgré son caractère fictionnel, questionne en filigrane la place des aînés dans la société, mais aussi hors de l’archipel.
Ce roman, publié en 1956 et le premier de l’auteur, a été adapté à deux reprises au cinéma, d’abord par Keisuke Kinoshita en 1958 puis par Shohei Imamura en 1983. Cette dernière adaptation, La ballade de Narayama, remporte la même année la Palme d’or au Festival de Cannes.
Narayama (1956), un roman de Shichiro Fukazawa, publié aux éditions Gallimard.
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