Ôde à la lenteur dans “Park Life”
Dans ce roman contemplatif de Yoshida Shuichi, le narrateur observe et décrit chaque jour ses contemporains dans le parc Hibiya de Tokyo.

© Éditions Picquier
Prendre le temps. S’extraire de la foule et de l’ambiance saturée de la plus grande mégalopole du monde pour savourer, durant quelques minutes, le calme rassérénant qu’offrent les quelques oasis de verdure de Tokyo. L’auteur Yoshida Shuichi situe son ouvrage dans le parc de Hibiya, au coeur de la capitale japonaise. On y suit le protagoniste de Park Life, un jeune trentenaire célibataire, qui vient tromper l’ennui et fuir la ferveur de la ville dans ce poumon vert entouré de gratte-ciels.
Assis sur un banc, il observe les solitaires venus déguster leur déjeuner sur un banc, les enfants jouer entre eux dans un bruit diffus, un de ses collègues de travail venu s’exercer à la conduite d’un aérostat… Une suite de rencontres anonymes, où certains visages deviennent finalement de plus en plus familiers à mesure que les jours passent. Un roman court, sans réelle intrigue, mais qui offre, le temps de quelques pages, comme un instantané de la vie tokyoïte.
Une réédition illustrée
Initialement publié en 2002, Park Life a été couronné la même année du prix Akutagawa (qui avait également été décerné à Sayaka Murata pour Konbini), équivalent du Goncourt japonais. Le titre ressort en 2020, cette fois-ci agrémenté des illustrations d’Émilie Protière. Les corps et la nature se dessinent aux côtés des mots de Yoshida Shuichi, donnant une nouvelle profondeur à l’ouvrage : la balade et les douces errances du narrateur sont désormais également traduites en dessins et en couleurs. De quoi accentuer encore davantage la poésie du récit.
Park Life (2020), un roman de Yoshida Shuichi publié aux éditions Picquier.
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