Quand CHAI rencontre Mariya Takeuchi
Le groupe de rock féminin japonais nous offre une reprise de “Plastic Love” de la chanteuse culte, un morceau iconique des années 1980.
Pochette du single “Plastic Love” (2020) Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Dès les premiers mots prononcés par CHAI, en forme de douces incantations, — « I’m just playing games, I’m just playing games » —, le public est saisi par un sentiment de déjà-vu sirupeux.
Le groupe de rock japonais CHAI, et ses quatre membres, est célébré pour ses textes empreints de timidité, dépassant la dimension “chewing-gum” de la pop. Leur reprise de “Plastic Love” de Mariya Takeuchi, star de la city pop des années 1980, rend hommage à un moment déterminant et intemporel de l’histoire de la culture pop japonaise. En nous replongeant dans cette période, l’interprétation de CHAI (distribuée par Sub Pop Records en novembre 2020) illumine de bonheur l’environnement urbain tokyoïte.
Un hymne éternel
Originaires de Nagoya, MANA, KANA, YUUKI et YUNA, et leur frénésie « neo-kawaii », sont devenues un phénomène international après les sorties de leurs albums PINK (2018) et PUNK (2019). Si le groupe est célèbre pour le caractère explosif de ses sons et ses impressionnants lives, il a su se réinventer en 2020 au moment de la pandémie, à travers des mélodies plus douces, compilées dans son dernier album WINK (2021). Peu de temps avant, CHAI sortait une reprise de “Plastic Love”, le single le plus emblématique de la star des années 1980, Mariya Takeuchi. Le titre est accompagné d’une vidéo dans laquelle le groupe, vêtu de blanc, propose au public une balade à travers Tokyo.
Dans les années 1980, sur fond de bouleversements liés au boom économique d’après-guerre, la chanson de Mariya Takeuchi devient pour ses fans un hymne à l’amour universel. Alors que la bulle économique est à son plus haut, l’artiste est une figure centrale, rebelle et reconnue à travers le monde, de la musique city pop. Aujourd’hui, alors que son single est écouté en boucle au fil des remix et mashup, l’artiste est omniprésente, allant jusqu’à devenir une figure de la culture vaporwave et de ses memes. Pour les nouvelles générations, “Plastic Love” a pris le relai, devenant un symbole utopique.
Ainsi, à travers sa position de porte-drapeau de la musique pop japonaise, CHAI montre dans ses interprétations une conscience de sa position dans la scène culturelle, créant des liens entre les époques. Tout en se basant sur une instrumentation purement city pop, le style actuel du groupe, aux voix douces et enjouées évoquant le genre musical Shibuya-kei, fait écho à d’autres marqueurs de son héritage post-moderne. Leur vidéo lo-fi, onirique, renvoie à l’imaginaire populaire des années 1980 et l’avènement d’internet — tandis que le groupe s’adresse à un public contemporain, en partageant ses lieux favoris.
La balade à travers Tokyo dans laquelle CHAI nous entraîne est également historique, créant un pont entre l’époque de Mariya Takeuchi et la réalité de la vie urbaine actuelle. Malgré l’ironie propre à l’ère post-internet que l’on peut y sentir, cette musique laisse à l’auditeur un sentiment de joie sincère.
Plastic Love (2021), un single de CHAI disponible via Sub Pop Records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Extrait du clip de “Plastic Love”. Un clip réalisé par Takahiro Shimoyama. Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
Pochette de “Donuts Mind If I Do / Plastic Love” (2020) Avec l'aimable autorisation de Sub Pop records.
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.