“Salaryman”, une vie à part
Allegra Pacheco questionne dans ce long-métrage l’impact d’une existence dédiée au travail, tant sur les employés que sur leur famille.

© Allegra Pacheco
Que se cache-t-il derrière ces silhouettes bicolores, allongées encore vêtues de leur costume et chemisette tantôt sur un banc, tantôt directement sur le bitume du trottoir, alors que les bars ont fermé et que les métros ont fini leur service ? C’est à cette question que la réalisatrice Allegra Pacheco, tente de répondre dans son long-métrage Salaryman.
Des hommes entre deux mondes, entre deux vies au rythme implacable imposé par la société nippone. Une vie par soustraction, où les valeurs cardinales du travail et de l’esprit d’équipe l’emporteront toujours sur l’épanouissement personnel et la famille.
Pour questionner cette figure — qui malgré tout tend à être peu à peu remise en question par les aspirations des nouvelles générations — Allegra Pacheco entoure ces corps inertes d’une poudre blanche, tels des corps de victimes étudiés par des enquêteurs. Pour tenter de comprendre les rouages d’un système qui empêche et contraint, la réalisatrice trace les points de liaison mais aussi de rupture entre hommes d’affaires en fonction et d’autres à la retraite. Elle s’embarque à leur suite dans leurs trajets quotidiens, métronomiques.
Lumière sur les femmes
Mais, et c’est peut être ici que réside une des choses qui fait de Salaryman un film à part parmi ceux dédiés à ce sujet, Allegra Pacheco interroge les conjointes de ces hommes souvent absents du foyer, à peine présents pour leurs enfants si ce n’est pour les grandes étapes de leur scolarité. Une vie de solitude, d’attente, où la fatalité l’emporte : le travail des salarymen est dédié à la performance de la société japonaise. Implacable.
La réalisatrice s’interroge également sur la figure moins connue, mais tout aussi assignée à un rôle prédéterminé, de l’office lady, pendant féminin, et souvent considéré comme subalterne, du salaryman. Avec ce dénominateur commun : une inféodation au pouvoir.
Salaryman (2021), un film réalisé par Allegra Pacheco à retrouver sur un site internet dédié.

© Allegra Pacheco

© Allegra Pacheco
LES PLUS POPULAIRES
-
Chiharu Shiota, fils rouges de l'âme
L’année dernière, plus de 660 000 personnes ont visité la rétrospective Chiharu Shiota: The Soul Trembles au musée d’art Mori.
-
La Nakagin Capsule Tower, construction rétrofuturiste au coeur de Tokyo
Édifiée en 1972 par l'architecte Kisho Kurokawa, cette tour modulaire est l'un des rares bâtiments achevés du mouvement métaboliste.
-
Une échappée dans les sauvages îles Oki
Les “îles au large”. On ne pouvait trouver meilleure appellation pour ce chapelet de 180 îles dont 4 seulement sont habitées.
-
Umami Paris, des ingrédients japonais haut de gamme
Cette épicerie spécialisée dans les produits artisanaux de qualité se fournit directement auprès de petits producteurs japonais.
-
L'érotisme futuriste de Hajime Sorayama
L’illustrateur est le précurseur d’un hyperréalisme mêlant la sensualité à la technologie, qui met en scène des robots sexualisés.