“Sento, l’art des bains japonais”, dans l’intimité nippone
Stéphanie Crohin, ambassadrice des “sento” au Japon, en présente une cinquantaine dans cet ouvrage et en explique les rituels et la culture.

© Stéphanie Crohin
Sento, l’art des bains japonais met à l’honneur les bains publics nippons, institutions thermales majoritairement gérées en famille sur des générations, et dont le nombre ne cesse de diminuer chaque année. Après avoir détaillé dans une première partie l’histoire de ces établissements, dont le nom nait en 1401, Stéphanie Crohin emmène le lecteur à la découverte de 59 sento, situés à Tokyo, mais aussi Kyoto, Osaka ou encore sur l’île la plus méridionale de l’archipel, Kyushu.
Un privilège lorsque l’on sait que ces établissements ouvrent très rarement leurs portes aux photographes, afin de ne pas déranger la quiétude et l’intimité des clients. Mais Stéphanie Crohin n’est pas une novice dans le petit monde nippon des sento. Installée au Japon depuis 2008, cette auteure spécialiste des bains, photographe et conférencière fait partie depuis 2014 du conseil des bains de la mairie de Tokyo, chargé de la réévaluation annuelle de leurs tarifs. En 2015, elle est nommée ambassadrice des sento au Japon, une première pour une étrangère dans l’archipel. Stéphanie Crohin a d’ailleurs déjà signé deux ouvrages dédiés aux bains, en langue japonaise.
Des sento faciles d’accès pour les étrangers
On pénètre donc à l’intérieur de ces établissements, Stéphanie Crohin détaillant les spécificités de chacun et ajoutant également leurs tarifs, adresses, et horaires d’ouvertures. « J’ai visité plus de 1 000 sento dans l’archipel. J’ai choisi ceux-là parce que je les estime faciles d’accès pour les étrangers. Je n’ai pas mis de sento avec des eaux très chaudes. Et j’ai essayé de trouver un équilibre entre de vieux établissements, d’autres un peu kitsch rénovés il y a 20-30ans et enfin des sento de designer, récents », détaille Stéphanie Crohin.
Sento, l’art des bains japonais a une double ambition : faire connaître ces bains et leur univers à l’étranger mais aussi tenter de pallier à la raréfaction des sento dans l’archipel. « J’aimerais aider à mon échelle à ce que la culture des sento s’étende au lieu qu’elle rétrécisse », confie celle qui travaille également depuis 2016, en parallèle de toutes ses activités, dans un de ces bains de quartier. « C’est toute une communauté. Les gens ont confiance en leur sento. Parce qu’on y a grandi, qu’on y est allé avec sa famille. Dans la société japonaise où beaucoup de gens vivent seuls, un des rares moments où ils vont socialiser c’est lorsqu’ils passent les portes du sento », poursuit l’auteure. Car ces bains de quartier sont menacés. Il y a 50 ans, il existait environ 2 700 sento à Tokyo. Ils n’étaient en 2019 plus que 520.
Sento, l’art des bains japonais (2020), un livre de Stéphanie Crohin publié aux éditions Sully.

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