“Sonatine”, les yakuza à la plage

Dans ce film, Takeshi Kitano extrait les mafieux des tripots tokyoïtes pour les propulser sur les plages de sable fin d’Okinawa.

20.05.2021

TexteClémence Leleu

© 1993 Shochiku Co., Ltd – Tous droits réservés

Si Sonatine, mélodie mortelle est un film de yakuza, il défie pourtant les codes du genre. Devant la caméra de Takeshi Kitano, aucune salle de jeu ni arrière-salle sinistre, pas plus de rues éclairées la nuit à la lumière des néons. Dans ce film sorti en salles en 1993, les gangsters ont troqué leurs costumes impeccablement repassés pour des chemises hawaïennes et évoluent dans un décor où la nature est reine : l’île tropicale d’Okinawa. 

Takeshi Kitano est un acteur et réalisateur japonais, également connu sous le nom de “Beat Takeshi”. Né en 1947 à Tokyo, il fait ses premiers pas en tant qu’acteur, et joue notamment dans le film Furyo de Nagisa Oshima. En tant que réalisateur, Takeshi Kitano se spécialise dans les films de yakuza dans lesquels il tourne de longs plans-séquences qui contrastent avec son appétit pour les plans d’action, rapidement coupés dès la fin de la scène. Sonatine, mélodie mortelle est son quatrième film, et le premier distribué en France où il est sélectionné au festival de Cannes. 

 

Sumo, kabuki et chemises hawaïennes

Voici l’intrigue : Aniki Murakawa, interprété par Kitano lui-même, est envoyé par son chef de clan, accompagné de quelques hommes, sur l’île d’Okinawa pour mettre de l’ordre entre deux bandes rivales. Seulement, une fois sur place, Murakawa et ses comparses se rendent compte qu’on cherche à les éliminer. Murakawa décide alors d’aller avec sa bande prendre ses quartiers dans une maison en bord de mer. Finies les fusillades et bagarres à mains nues, sur l’écran, le spectateur observe les yakuza s’adonner à la création de feux d’artifice artisanaux, à des combats de sumo, ou au jeu de scène du théâtre kabuki. Dans Sonatine, c’est davantage la psyché des yakuza, leurs affects et leurs rêves qui sont mis au jour, bien plus que l’organisation bien huilée et écrasante de codes de la mafia japonaise. 

Si Sonatine, mélodie mortelle n’a pas été un succès sur les écrans nippons, c’est ce long-métrage qui a permis au cinéma de Takeshi Kitano de franchir les frontières de l’archipel et de se faire un nom en Occident.

 

Sonatine, mélodie mortelle (1993), un film de Takeshi Kitano distribué par Wild Side.

© 1993 Shochiku Co., Ltd – Tous droits réservés

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