Une enfance au pays des monstres
Dans son manga “NonNonBâ”, Shigeru Mizuki dresse la chronique des premiers temps d'une vie entre bonheurs éphémères et passion du surnaturel.

© Shigeru Mizuki / Mizuki Productions.
NonNonBâ fait voyager le lecteur dans le temps. Shigeru Mizuki campe son récit dans les années 1930, à l’époque où lui-même n’était encore qu’un petit garçon. Une histoire à visée presque autobiographique : même époque, même environnement géographique (la côte ouest de l’archipel), même patronyme. Il y a dans les aventures du héros de ce manga, au visage aussi rond que la lune, beaucoup de l’auteur. Au fil des pages, on le suit apprivoiser les yokai, ces créatures légendaires fascinantes et effrayantes, chères à la culture populaire nippone, qui deviendront ses fidèles complices. Une découverte qu’il doit à l’arrivée dans sa vie de NonNonbâ, une vieille dame aussi mystique que mystérieuse.
Shigeru Mizuki est né en 1922 dans la petite ville côtière de Sakai Minato dans la préfecture de Tottori. Passionné de dessin, la guerre saborde ses prétentions artistiques, puisqu’il est enrôlé dans l’armée impériale et rejoint les troupes en Nouvelle-Guinée, où il perdra l’usage d’un bras et attrapera la malaria. Ce n’est qu’en 1957 qu’il embrasse la carrière de mangaka, où son enfance, la culture populaire et le monde surnaturel ont une place de choix. Shigeru Mizuki créera et présidera d’ailleurs la Sekai Yokai Kyokai, une association regroupant les passionnés de ces fantômes nippons.
Percevoir l’invisible
Pas d’intrigue particulière dans cet ouvrage, si ce n’est celle de l’enfance. Ses découvertes, ses peurs, ses premières fois. Les rencontres qui marquent, les décisives, qui font plonger à corps perdu dans un univers jusqu’alors inconnu, grâce à la transmission. « Ce n’est pas parce qu’on ne les perçoit pas que les choses invisibles n’existent pas », lance NonNonBâ au jeune Shigeru lors d’une promenade. Une maxime qui vaut pour les yokai bien évidemment, mais aussi pour les absents, ceux ayant quitté la campagne pour la ville, comme les disparus. NonNonBâ a reçu, en 2007, le prix du meilleur album au Festival d’Angoulême.
NonNonBâ (2007), un manga de Shigeru Mizuki, publié aux éditions Cornelius.

© Shigeru Mizuki / Mizuki Productions.

© Shigeru Mizuki / Mizuki Productions.
LES PLUS POPULAIRES
-
« C’est un plaisir sincère que mes objets soient reconnus comme appartenant au cercle du Mingei »
Les couverts de laiton soigneusement façonnés par Ruka Kikuchi dans son atelier de Setouchi sont appréciés dans tout le Japon et ailleurs.
-
« Le Mingei reste toujours insaisissable, cent ans après sa naissance »
Sō Sakamoto est un potier d’Onta-yaki, une forme de céramique datant du XVIIIe siècle mise en avant par Sōetsu Yanagi, fondateur du Mingei.
-
« On dit souvent qu’il faut apprendre de ses échecs… mais est-ce vraiment si simple ? »
Dans “Guide de survie en société d'un anti-conformiste”, l'auteur Satoshi Ogawa partage ses stratégies pour affronter le quotidien.
-
Du Japon vers le monde, des photographes appelés à s’imposer à l’international
Le T3 PHOTO FESTIVAL 2025 expose cinq photographes japonais émergents et confirmés, afin de soutenir leur rayonnement à l’étranger.
-
“Le Japon interdit”, l'oeil d’Irina Ionesco
Dans cet ouvrage, la photographe va au plus près des corps, révélant ceux, tatoués, de “yakuza” ou celui, érotisé, d'une artiste underground.



