Yosakoi – un style de danse originaire de Kochi qui envahit le monde
©Yuji Fujita
Chaque année du 9 au 12 août, environ 20 000 personnes du Japon et de l’étranger se rendent dans la ville de Kochi, sur l’île de Shikoku, pour participer au festival Yosakoi. Les compétitions et spectacles qui le composent prennent place dans seize lieux différents et les participants affluent de vingt-neuf pays pour prendre part à cet événement dynamique et énergique. Mayuko Kurita, de Yokohama, est un membre actif de deux équipes différentes de Yosakoi et elle partage avec nous les nombreux attraits de cette danse.
Pour qu’une chorégraphie soit considérée comme un Yosakoi, il suffit de respecter trois règles simples : les danseurs doivent tenir des naruko (claquettes en bois) traditionnels, ils doivent avancer en dansant et jouer au moins une phrase mélodique tirée du Yosakoi-bushi – la musique originelle du Yosakoi. Au-delà de ces règles, les équipes sont libres de choisir leurs chorégraphies, leurs costumes et leurs musiques. Tout en acceptant pleinement cette liberté, la plupart des équipes optent pour des numéros colorés et joyeux, qui semblent être le véritable esprit du Yosakoi. « Lors de la compétition d’été », nous dit Mayuko, « il est très difficile de battre les équipes de Kochi – après tout, c’est à Kochi que la danse elle-même est née. Mais même si la victoire est peu probable, les sourires sont sur tous les visages et l’énergie contagieuse ».
Bien que le Yosakoi semble exister depuis des siècles, il a en fait été inventé dans le Japon de l’après-guerre en 1954, pour relancer l’économie de la ville de Kochi. À l’origine limité à Kochi, le Yosakoi est maintenant populaire dans tout le Japon et est ouvert aux personnes de presque tous les âges. Dans l’équipe cosmopolite de Mayuko – KIZUNA International – les danseurs sont âgés de 16 à 68 ans. De plus, depuis cette année, les règles concernant l’âge minimum ont été modifiées, de sorte que toute personne âgée de plus de six ans peut désormais se joindre à l’équipe, à condition qu’elle soit accompagnée d’un tuteur.
Beaucoup d’autres styles de danse sont incorporés dans les chorégraphies de Yosakoi, comme la samba, le jazz ou même le hip-hop. Mayuko souligne que lors du Super Yosakoi de Harajuku en 2019, l’équipe Lotte-Ghana-Yosakoi-ren a ajouté de la danse ghanéenne à sa chorégraphie. Cette particularité est ce qui rend le Yosakoi extrêmement agréable non seulement pour les participants, mais aussi pour les spectateurs, qui sont témoins d’un renouvellement des danses chaque année. La composition des équipes internationales est variée ; à KIZUNA International, la moitié des participants sont japonais, mais l’autre moitié est originaire de l’étranger. Ces danseurs viennent de dix-huit pays et régions différents des États-Unis, d’Europe et d’Asie. Lorsqu’on lui demande pourquoi le Yosakoi est si apprécié dans le monde entier, Mayuko répond : « En dansant, on peut communiquer entre nous, même sans parler la même langue. En dansant le Yosakoi, on peut ressentir l’atmosphère et la culture du Japon ».
Le Yosakoi n’est pas seulement populaire auprès des étrangers, mais aussi auprès des jeunes Japonais. Mayuko estime que cela peut s’expliquer par le fait que le Yosakoi est une culture nouvelle. « Alors que d’autres festivals aux origines plus anciennes sont parfois dédiés à la vénération d’une divinité, dans le Yosakoi, nous sommes les personnages principaux. Tout le monde peut y participer, sans distinction de religion, de race, de sexe ou d’âge ».
À l’université, pendant un semestre passé à l’étranger au Pays basque, en Espagne, Mayuko a présenté le Yosakoi aux locaux et leur a offert des spectacles en collaboration avec d’autres étudiants japonais. Elle a aussi organisé des ateliers pour ses hôtes espagnols afin de leur permettre de découvrir la danse par eux-mêmes. C’était peut-être la première fois que quelqu’un présentait le Yosakoi en Espagne. « Je voulais montrer que le Yosakoi peut être une langue commune à tous les peuples. Même si nous nous rencontrons pour la première fois, nous pouvons nous connecter grâce au Yosakoi ».
LES PLUS POPULAIRES
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
Maquereau grillé façon kabayaki par Tim Anderson
Le chef américain revisite les traditionnelles anguilles kabayaki japonaises en faisant varier l'ingrédient principal.
-
Jinbocho, le quartier des libraires de Tokyo
Les environs de Chiyoda-ku sont réputés pour leurs librairies d'occasion, maisons d'édition et autres curieux antiquaires.
-
Les plats alléchants des films du Studio Ghibli sont bien plus que des détails
La nourriture, souvent inspirée de recettes appréciées des réalisateurs, est un élément majeur de l'intrigue de ces films d'animation.
-
La tradition des œufs noirs du volcan de Hakone
Dans la vallée volcanique de Owakudani, de curieux œufs noirs aux vertus bienfaisantes sont cuits dans les eaux sulfuriques.