Isamu Noguchi, pionnier de la sculpture sociale
La première rétrospective consacrée au sculpteur américano-japonais depuis 20 ans en Europe a permis d’apprécier l'ampleur de sa carrière.
“Portrait de Isamu Noguchi’, 4 Juillet 1947, photographie de Arnold Newman © Arnold Newman Collection / Getty Images / INFGM / ARS - DACS
À Londres, au sein du Barbican — immense complexe caractéristique du brutalisme —, les sculptures lumineuses d’Isamu Noguchi, élégamment espacées, tendent la main aux visiteurs, puis les enveloppent. L’artiste, icône du modernisme, est depuis longtemps entré dans les foyers, notamment à travers ses lampes sphériques en papier Akari.
L’exposition Noguchi abordait tous les aspects de la vie de l’artiste, et permettait de mettre en lumière la figure du sculpteur, véritable polymathe et citoyen du monde. Son œuvre s’est nourrie d’une grande diversité d’influences, et est marquée par l’interdisciplinarité de son approche.
La sculpture, une extension de l’environnement
Sa vision le rend inclassable ; Isamu Noguchi appuie son travail sur une identité intrinsèquement mondialiste : né à Los Angeles en 1904, il est le fils du poète japonais Yone Noguchi et de l’écrivaine américaine Leonie Gilmour. Après avoir obtenu une bourse du Guggenheim, il étudie la poterie auprès du maître Jinmatsu Uno, la sculpture auprès de Constantin Brâncuși à Paris et même la peinture chinoise au pinceau auprès de Qi Baishi à Pékin. Malgré l’épreuve qu’est la Seconde Guerre mondiale, il poursuit une exploration de nombreux environnements culturels, de l’art politique aux décors de théâtre d’avant-garde, illustrant la profondeur de sa créativité. Son travail a continué d’évoluer dans la période d’après-guerre, défiant les frontières entre Est et Ouest, tradition et modernité.
Comme le met brillamment en lumière la rétrospective proposée au Barbican, Isamu Noguchi avait une conception ouverte de la sculpture, la considérant comme une extension de l’espace social et de l’environnement naturel.
Derrière sa lanterne Akari, cet objet devenu « banal », se cache une approche véritablement radicale de la matérialité. Fusionnant l’esthétique orientale et occidentale, Isamu Noguchi a été le pionnier de la « sculpture sociale », une conception de la matière comme inexorablement liée à un réseau de relations spatiales. Ses abstractions de la matière — bois, métal, céramique, ou même jardins —, permettent à chacune de se fondre dans l’autre. Son utilisation fonctionnelle des propriétés esthétiques, qu’il s’agisse de l’élégance du papier ou de l’éclat d’une ampoule, permettent à son travail sculptural de projeter une utopie technologique.
En avance sur son temps, son approche créative était globale. « Tout est sculpture », disait l’artiste. « Je considère n’importe quel matériau, n’importe quelle idée qui s’exprime sans entrave dans l’espace, comme de la sculpture. »
Noguchi (2021-2022), une exposition sur Isamu Noguchi qui a eu lieu du 30 septembre 2021 au 23 janvier 2022 au musée Barbican de Londres.
Isamu Noguchi assemblant “Figure” dans son studio de la MacDougal Alley, 1944, photographie de Rudolph Burckhardt, The Noguchi Museum Archives, 03765 ©INFGM / ARS - DACS / Estate of Rudolph Burckhardt
Isamu Noguchi, “My Arizona (second state with original elements)”, 1943, Fibre de verre, Plexiglas, 46.4 x 46.4 x 11.7 cm Photographie de Kevin Noble, The Noguchi Museum Archives, 00071 ©INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi dans son studio de 10th Street, Long Island City, Queens, 1964, Photographie de Dan Budnik, The Noguchi Museum Archives, 07281 ©2021 The Estate of Dan Budnik. All Rights Reserved / INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi teste “Slide Mantra” lors de l'exposition “Isamu Noguchi: What is Sculpture?”, 1986, Biennale de Venise, Photographie de Michio Noguchi, The Noguchi Museum Archives, 144398 ©INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi, “Lunar Infant”, 1944. Magnésite, bois, composants électriques, 55.9 x 40.6 x 40.6 cm, Photographie de Kevin Noble, The Noguchi Museum Archives, 150797 ©INFGM / ARS – DACS
Isamu Noguchi, “Trinity (Triple)”, 1945 (fabriquée en 1988), Plaque de bronze, 141.6 x 56.5 x 49.5 cm, Photographie de Kevin Noble, The Noguchi Museum Archives, 9891 ©INFGM / ARS – DACS
Isamu Noguchi, “Humpty Dumpty”, 1946, Ardoise, 149.9 × 52.7× 44.5 cm Purchase Inv. N.: 47.7a-e Whitney Museum of American Art / Licensed by Scala ©INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi avec une étude pour “Luminous Plastic Sculpture”, 1943, Photographie de Eliot Elisofon, The Noguchi Museum Archives, 03766 ©INFGM / ARS – DACS / Eliot Elisofon
“AKARI” (1953) Models; 27N, 2N, BB3-70FF, BB2-S1 14A, BB1-YA1, 31N Paper, bamboo, metal ©INFGM / ARS – DACS / The Kagawa Museum
Isamu Noguchi, Manufacturé par la Zenith Radio Corp. “Radio Nurse and Guardian Ear”, 1937 Bakélite. Radio Nurse: 21 x 17.1 x 15.9 cm Guardian Ear: 15.9 x 10.8 x 21 cm Photograph by Kevin Noble ©INFGM / ARS – DACS
“Ruth Page in The Expanding Universe: Costume Sack”, 1932. Jersey de laine, Photographie de F.S. Lincoln, The Noguchi Museum Archives, 01455 ©INFGM / ARS - DACS / Penn State University Libraries
Martha Graham avec “Spider Dress and Serpent” pour le spectacle “Cave of the Heart” de Martha Graham, 1946, Photographie de Cris Alexander, The Noguchi Museum Archives, 01619 ©INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi, “History Mexico”, 1936, Ciment, pigment, 236.9 x 2206 x 25.01 cm Photographie de Rafael Gamo, The Noguchi Museum Archives, 152293 ©INFGM / ARS – DACS
Isamu Noguchi (design) avec Shoji Sadao (architecte), “Play Equipment at Moerenuma Koen”, 1988-2004. Sapporo, Japon. ©INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi (design) “Octetra Play Equipment”, Moerenuma Park, Japon, Photographie de Toshishige Mizoguchi © Toshishige Mizoguchi / INFGM / ARS - DACS
Isamu Noguchi, “Chess Table (IN-61)”, 1944, Contreplaqué noirci, aluminium coulé, incrustations de plastique. 48.3 x 69.8 x 64.8 cm Photographie de Kevin Noble, The Noguchi Museum Archives, 00856 ©INFGM / ARS – DACS
Isamu Noguchi, “Peking Brush Drawing”, 1930, Encre sur papier, 89.2 x 146.1 cm, Photographie de Kevin Noble, The Noguchi Museum Archives, 01213 ©INFGM / ARS - DACS
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