Kenzo Takada, la mode joyeuse

Le créateur est le premier couturier japonais à conquérir Paris, où il impose son prénom dès les années 1970 avec ses imprimés colorés.

21.06.2021

TexteClémence Leleu

Portrait par Masaru Mizushima

De Kenzo Takada, on connaît le visage poupin, mèche tantôt sur le front, tantôt repoussée en arrière, et petites lunettes rondes. Mais c’est surtout son prénom qui a ancré ce styliste dans le paysage mode de la fin du XXème siècle. Kenzo, cinq lettres qui fleurent les couleurs vives, les imprimés graphiques et floraux, que le créateur distille sur les vêtements qu’il imagine dans un premier temps uniquement pour les femmes, avant d’ouvrir une ligne homme en 1983. 

Avant de conquérir Paris, c’est au Japon que tout commence. Né en 1939 à Himeji, non loin d’Osaka, Kenzo Takada est passionné par le dessin et la couture, qu’il découvre par l’intermédiaire des enseignements délivrés à ses sœurs. Ces domaines étant encore réservés exclusivement aux femmes, il étudie alors les lettres à l’université de Kobe. Mais dès que l’école de mode Bunka Fukuso Gakuin ouvre ses rangs aux garçons, Kenzo est un des premiers élèves masculins à s’inscrire. 

 

Un designer épris de France

C’est en 1965 qu’il découvre la France, après un voyage de six mois en bateau. Il débarque à Marseille mais rejoint rapidement la capitale. Ce qui ne devait être qu’un séjour ponctuel se transforme en histoire au long cours. Le styliste s’installe à Paris où il ouvre une boutique quelques années plus tard nommée Jungle Jap au 43 Galerie Vivienne, dont la décoration est fortement inspirée des œuvres du Douanier Rousseau. C’est d’un tableau de ce dernier, Le Rêve, que le designer japonais tire le tigre qui deviendra un symbole de sa marque, désormais appelée Kenzo. La première collection de 1970 est d’ailleurs un succès.

« Quand il a montré ses premières créations, il s’est trompé de saison. Il ne maîtrisait pas le français, il a donc présenté la mauvaise : l’été au lieu de l’hiver ou inversement, je ne sais plus », indique dans une interview au Monde Felipe Oliveira, directeur de la création de Kenzo jusqu’en juin 2021.

 

K-3, le renouveau Kenzo

Les choses s’accélèrent ensuite avec un déménagement place des Victoires en 1976, suivi d’une collection pour homme, puis du lancement d’une ligne de parfum dès 1988. Deux décennies de succès créatif pour le Japonais, qui verra sa marque rachetée par LVMH, avant de quitter le monde de la mode en 1999 avec un dernier défilé. Mais le créateur n’a jamais vraiment quitté cette sphère, continuant de créer avec discrétion et loin de l’aura attachée à son prénom qu’il ne peut plus utiliser pour signer ses créations. 

Dernier lancement en date, avant son décès en octobre 2020 des suites du Covid 19, la marque de design K-3, cofondée avec Jonathan Bouchet Manheim et dont Engelbert Honorat assure désormais la direction artistique. Des créations où se mêlent des influences occidentales et nippones, imaginées autour de trois piliers, shogun, maiko et sakura. Avec un fil directeur lumineux, fidèle à l’esprit du créateur : le kintsugi, cette méthode de réparation des objets fêlés grâce à l’or.

 

Plus d’informations sur l’histoire et les collections de Kenzo sur le site internet de la marque.
Les créations de la marque de design K-3 sont à retrouver sur son site internet.

Première collection de Kenzo en 1970 © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Première collection de Kenzo en 1970 © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Première collection de Kenzo en 1970 © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Kenzo Takada en train de peindre la décoration de sa boutique Jungle Jap, galerie Vivienne à Paris en 1970 © KENZO

Première boutique Kenzo appelée Jungle Jap ouverte à Paris en 1970 dans la Galerie Vivienne © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Première boutique Kenzo appelée Jungle Jap ouverte à Paris en 1970 dans la Galerie Vivienne © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Première boutique Kenzo appelée Jungle Jap ouverte à Paris en 1970 dans la Galerie Vivienne © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Invitation à l'ouverture de la boutique Jungle Jap à Paris en 1970 © KENZO

Défilé de la collection printemps-été 2000 de Kenzo © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Défilé de la collection printemps-été 2000 de Kenzo © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Défilé de la collection printemps-été 2000 de Kenzo © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Défilé de la collection printemps-été 2000 de Kenzo © BUNKA GAKUEN FASHION RESOURCE CENTER

Détail de la collection Maiko de K-3 © COURTESY OF K三

Collection Maiko de K-3 © COURTESY OF K三

Collection Sakura de K-3 © COURTESY OF K三

Collection Shogun de K-3 © COURTESY OF K三

Engelbert Honorat, Kenzo Takada et Jonathan Bouchet Manheim Collection Maiko de K-3 © COURTESY OF K三