La céramique, la terre japonaise et ses créateurs, dans ce qu’ils ont de plus intime

À Mexico, six artistes japonais échangent des expériences de vie, des rapports à la nature et leurs manières de s’y associer.

14.06.2021

TexteHenri Robert

Photo © Luis Garvan

Mexico, c’est une forme de premier voyage, un baptême du feu pour ces céramiques, pour toutes leurs composantes. Réunis au sein de l’espace V.V. Sorry par la curatrice Kimberly Wu, six artistes japonais ont été associés dans le cadre de l’exposition Familiar Soil. Mais c’est davantage qu’une nationalité ou un medium de prédilection qui rassemble ces talents.

La question de l’utilisation de matières premières locales et leur transformation à proximité de leur source est aujourd’hui revendiquée par un nombre toujours plus important d’acteurs d’une agriculture durable, respectueuse. Cette rigueur peut également investir d’autres champs d’activité. C’est le cas des céramistes Akihiro Nikaido, Hitoshi Morimoto, Takayuki Watanabe, Takeshi Oomura, Tanaka Shigeo et Yoko Ozawa.

 

Se délecter, de l’utile à l’agréable

Dans une terre mexicaine particulièrement sensible à l’artisanat, ici, des vases, des services à thé, bols ou plats, sont disposés dans un sobre décor. Ou plutôt ils sont exposés. Car quand il s’agit d’objets d’art, d’artisanat d’art, la frontière entre utilitaire et futile, décoratif, est remise en question. En quoi cette catégorisation serait-elle pertinente, et surtout utile ? Les propositions réunies par Kimberly Wu interrogent davantage notre rapport à la matière qui nous entoure, à la route, aux chemins que nous empruntons chaque jour, à ce que cet assemblage de routines, de recueils, de patience crée.

De manière concrète, comme l’explique la curatrice, « l’œuvre est réalisée à partir d’argile extraite des terres voisines par les artistes eux-mêmes, et a tendance à ne pas être réellement émaillée avant d’être cuite au bois, y compris dans des fours anagama. Les couleurs qui peuvent apparaître à la surface naissent des propriétés naturelles et des minéraux du sol qui sont révélés lors du processus de cuisson. »

Les pratiques et propositions des six artistes sont différentes, mais de la compréhension du processus de création naît une unité. Chaque touche personnelle s’additionne pour offrir au public une forme de patchwork des manières dont les artistes associés envisagent une relation avec leur environnement, de manière subtilement personnelle.  « Tout, y compris moi, le sol, et ce que j’ai fait, influence la manière dont l’énergie s’exprime, c’est l’expression de ma vie comme œuvre. »

 

Familiar Soil: Japanese Wood-Fired Ceramics, une exposition à V.V Sorry, à Mexico, sous le commissariat de Kimberly Wu qui a eu lieu du 21 mai au 20 juin 2021.

Photo © Luis Garvan

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