Okayama, une région réputée pour ses épées, sa céramique, ses montagnes et sa côte
Dans ce département, une culture et un artisanat centenaires s'apprécient tout autant que la nature foisonnante.
Entouré au sud par la mer intérieure de Seto et au nord par les montagnes Chugoku, le département d’Okayama révèle de spectaculaires paysages en toutes saisons. Son importance historique sur la route de transport de marchandises du centre du Japon y a encouragé le développement de l’artisanat, en particulier la poterie et la métallurgie dont l’héritage est toujours vivace aujourd’hui. Grâce à son climat tempéré et sa terre riche, le département est aussi réputé pour ses fruits comme la pêche blanche ou les raisins muscat et pione. Au-delà du célèbre chef-lieu Okayama et de la sublime ville aux canaux Kurashiki, le département où la légende de Momotaro, le garçon pêche, a émergé regorge de lieux à visiter. Panorama des régions de Takahashi, Bizen, Setouchi et Nagi.
Takahashi, un château émergeant d'une mer de nuages et le lieu de naissance du “Rouge du Japon”
Le château Bitchu-Matsuyama, émergeant d'une mer de nuages au petit jour.
Dans la partie ouest du département d’Okayama, la région de Takahashi est encerclée de montagnes vertes. Perché au sommet de l’une d’entre elles, le château Bitchu-Matsuyama est l’un des derniers châteaux d’origine du Japon à ne pas avoir été reconstruit, et le seul à être situé en haut d’une montagne. Avec un peu de chance, au petit matin en automne et en hiver, on peut l’apercevoir comme lévitant entouré d’une mer de nuages le nimbant de mystère. A ses pieds s’est formée la ville de Takahashi où d’anciennes résidences de samouraïs et de marchands ont été préservées et peuvent désormais se visiter.
La rue principale de Fukiya, avec ses maisons peintes de rouge “bengara”, une vue unique au Japon.
A 15 kilomètres à l’ouest de la ville de Takahashi se trouve Fukiya. Cette région s’est enrichie grâce à sa mine de cuivre et la production de bengara, un pigment qui a donné son nom à la couleur “Rouge du Japon”. Sa rue principale, bordée de vieilles maisons peintes en rouge, conserve une atmosphère traditionnelle et invite à une paisible promenade le long de ses échoppes et cafés. L’école primaire Fukiya, la dernière école japonaise a avoir été bâtie toute de bois, est un autre lieu qui vaut le détour. Elle a accueilli ses dernières classes en 2012 avant de réouvrir pour les touristes en 2022. Ces derniers apprécieront son architecture et l’ambiance surannée d’une ancienne école japonaise.
Le bâtiment en bois de l'école primaire de Fukiya, un autre lieu à visiter dans cette petite ville.
Bizen, ses céramiques intemporelles et la première école publique du Japon
Différent styles de Bizen-yaki dans la vitrine de l'une des nombreuses galeries des environs.
Dans la partie est du département se situe la région de Bizen, célèbre depuis l’époque Kamakura (1185-1338) pour sa production de céramique. Les cheminées de ses fours, dont environ 200 sont toujours en activité, se dressent haut au-dessus du paysage. Le style de poterie de l’époque Kamakura, caractérisé par ses couleurs jaune et ocre et naturellement verni par les cendres qui se forment et volent à l’intérieur des fours à bois, est toujours produit aujourd’hui. La céramique de Bizen s’apprécie en visitant les nombreuses galeries et petites boutiques de la région, dont certaines proposent des cours de poterie. Le sanctuaire Amatsu, un petit sanctuaire shinto que l’on pense bâti en 1411, est aussi décoré de sculptures et de tuiles en céramique de Bizen.
Le bâtiment principal de l'école Shizutani accueille aujourd'hui des séminaires d'entreprise.
L’école Shizutani, construite il y a environ 350 ans, est considérée comme étant la première école publique pour enfants non issus de l’aristocratie. Cette école a été bâtie grâce aux meilleures techniques architecturales de l’époque et sa toiture a été décorée de tuiles en céramique de Bizen. A l’automne, lorsque les feuilles des arbres environnants deviennent rouges ou jaunes, ou au printemps, quand les camélias de son jardin fleurissent, l’école devient un lieu populaire de visite.
Au sud, dans la zone Hinase, des ferrys proposent des tours pour découvrir les îles d’Okayama. La région est aussi réputée pour ses huîtres, considérées comme parmi les meilleures du pays.
Des ferrys quittent le port de Hinase pour explorer les îles environnantes.
Setouchi, une ville côtière riche de son passé de productrice d'épées
Magnifique vue de la mer intérieure de Seto depuis le jardin d'oliviers Ushimado à Setouchi.
Au sud du département, face à la mer intérieure de Seto, la commune de Setouchi a été créée en 2004 suite à la réunion des villages Oku, Osafune et Ushimado. La synergie des spécificités de chacun de ces endroits a réussi à former une ville des plus intéressantes. Ici, la nature et la tranquillité d’un village côtier se mêle à la culture d’une région qui a vu grandir Takehisa Yumeji, un peintre célèbre pour ses bijinga (peintures de belles femmes). La région est aussi réputée pour la richesse de sa métallurgie qui continue d’attirer des forgerons souhaitant forger des épées japonaises dans les règles de l’art. Pour ceux intéressés par le forgeage d’épées au Japon, une visite au Musée de l’épée japonaise Bizen Osafune s’impose. Les visiteurs peuvent y apprendre l’histoire de cette pratique et admirer certaines des plus belles épées du pays. Des forgerons y sont aussi à l’oeuvre pour montrer ce qu’implique chaque étape du forgeage d’une authentique épée japonaise.
Le forgeron Hiroyasu Ando démontre comment forger une épée au Musée de l'épée japonaise Bizen Osafune.
Nagashima, une petite île à seulement 30 mètres de la côte, fut un jour le théâtre d’une triste histoire. Celle de l’isolation des personnes souffrant de la maladie de Hansen, aussi connue sous le nom de lèpre. A la fin des années 1930, la Léproserie Nationale y fut inaugurée, et des patients atteints de lèpre y furent isolés du reste de la société jusqu’à 1988, quand un pont reliant l’île à la côte fut installé. Depuis, le musée Nagashima Aisei-en préserve l’histoire de ce lieu et éduque le grand public à la réalité de la lèpre. Il est possible de passer gratuitement une nuit dans son grand hall Mutsumi, à condition d’assister à un séminaire sur l’histoire de cet endroit.
La Léproserie Nationale de Nagashima en 1937, sept ans après sa fondation.
Nagi, lieu de cohabitation du kabuki et de l'art contemporain
Le magnifique arbre gingko vieux de 900 ans au Bodaiji, au pied du mont Nagi, symbole du département d'Okayama.
Dans la partie nord-ouest du département d’Okayama, la ville de Nagi a récemment fait la une des journaux nationaux grâce à l’augmentation de son taux de natalité, passé de 1.41 à 3 du fait de politiques régionales favorables à l’installation de jeunes couples. Au-delà de ces subventions, la nature environnante qui attire les randonneurs avides d’explorer les sentiers autour du mont Nagi, et une riche gastronomie célèbre pour son boeuf, son porc et ses pommes de terre satoimo, font de Nagi un lieu de retraite idéal pour les familles et ceux en mal de campagne.
En contraste avec cette image plutôt rurale, Nagi accueille aussi le Musée d’art contemporain de Nagi (MOCA), dessiné par Arata Isozaki, lauréat du prix Pritzker d’architecture. Composé de trois installations (Soleil, Lune, Terre) en constante interaction avec leur environnement, le musée se transforme de minute en minute et invite le visiteur à apprécier l’art avec ses cinq sens.
“Le Soleil”, des artistes Shusaku Arakawa et Madeline Gins, l'une des installations permanentes au MOCA de Nagi.
L’art contemporain cohabite avec l’art de la scène du Kabuki Yokozen, très répandu à Nagi depuis l’époque Edo (1603-1868). Ce type de kabuki de rue, créé pour les gens du peuple, est encore dynamique et des pièces sont données à Okayama et ailleurs.
Acteurs de Kabuki Yokozen, en costume traditionnel et maquillage propre au genre, dont chaque détail est porteur de sens.
Peu souvent inclus dans les itinéraires de visite du Japon, le département d’Okayama est pourtant riche en expériences pour ceux intéressés par l’artisanat, la culture et la nature japonaise. Sa situation idéalement éloignée des foules et des grandes villes en fait une étape de choix à inclure à tout voyage pour quiconque souhaite s’élancer hors des sentiers battus.
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