Le rêve balthusien de Hisaji Hara
Après avoir vu “Thérèse rêvant” de Balthus en songe, le photographe s'est lancé dans une série rendant hommage au peintre.

Etude de “Les Beaux jours” 2009 © Hisaji Hara
Hisaji Hara est principalement connu pour sa série A Photographic Portrayal of the Paintings of Balthus (2006-2011), inspirée par l’artiste franco-polonais. C’est alors qu’il était étudiant à Tokyo que Hisaji Hara découvre pour la première fois l’œuvre de Balthus, dans une librairie. Quelques années après, alors que son attention s’était davantage portée sur des artistes tels que Sol Le Witt et Richard Serra, le photographe revient au travail de Balthus, dont il rêve — au sens premier du terme.
Né à Tokyo en 1964, Hisaji Hara est photographe indépendant depuis 2001, après une longue période passée aux États-Unis, où il travaillait dans l’univers du film et du documentaire.
Reproductions méticuleuses
« Lors d’une agréable après-midi d’automne, en 2005, c’est pendant une sieste que Balthus est apparu dans mon rêve. Ce fut juste une petite sieste, mais le rêve était assez puissant pour que je sois en mesure de rechercher l’œuvre sur internet juste après mon réveil et ce, sans en connaître le titre. La peinture était Thérèse rêvant (1938) », explique Hisaji Hara dans un entretien avec Pen.
Cette rencontre, que Hisaji Hara décrit comme une rencontre avec l’universalité des peintures de Balthus, l’amène à réaliser une série de photographies inspirée par l’œuvre du peintre.
Afin de reproduire dans ses photographies la forme picturale des peintures de Balthus, Hisaji Hara utilise une puissante machine à brouillard artificiel. Les images ont été réalisées dans un établissement médical Art déco des années 1930, à la périphérie de la préfecture de Saitama, à côté de Tokyo. La machine à brouillard a produit ce que Hisaji Hara appelle une perspective aérienne, qui permet de reproduire la distance picturale entre les objets, caractéristique des peintures de Balthus.
Si des détails architecturaux donnent des indices sur l’époque de réalisation de ces photographies, ce travail dégage une intemporalité qui fait écho à ce que Hisaji Hara pourrait appeler l’universalité de Balthus, où les gestes suspendus de ses sujets deviennent une étude de la forme.
Depuis 2013, Hisaji Hara collabore avec l’artiste Natsumi Hayashi. Ils ont notamment produit ensemble la série Gazing into the World.
A Photographic Portrayal of the Paintings of Balthus (2006-2011), une série de photographies de Hisaji Hara à découvrir sur son site internet.

Etude de “La Victime” 2009 © Hisaji Hara

Etude de “Le Salon” 2009 © Hisaji Hara

Etude de “Le jeu de patience” 2009 © Hisaji Hara

Etude de “Les Enfants Blanchard” 2010 © Hisaji Hara
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