Les installations d’Hidemi Nishida interrogent notre vision du monde
L’artiste investit des espaces et réalise des œuvres abstraites comme “Fragile Chairs” qui questionne notre histoire et perception.

© Hidemi Nishida
« Mes travaux sont toujours fragiles. Ils représentent les failles du monde, et j’espère que le public arrive à percevoir un autre paysage, à travers ces failles », nous confie Hidemi Nishida. Véritable installation surréaliste, Fragile Chairs joue avec notre perception du réel. Comment ces chaises sont-elles arrivées là ? À qui appartiennent-elles ? L’artiste signe ici une œuvre des plus énigmatiques.
Hidemi Nishida est né en 1986 à Otaru, sur l’île d’Hokkaido. Après avoir étudié l’architecture, il réalise qu’il préfère élaborer des structures plus primitives, plus minimalistes que des projets urbains. « J’ai donc commencé à créer des designs plus expérimentaux, qui évoquaient l’architecture sans vraiment en être. Au même moment, j’ai découvert La poétique de l’espace, un livre écrit par le philosophe français Gaston Bachelard qui m’a beaucoup influencé. Je pense qu’il a marqué mon arrivée dans le monde de l’art », poursuit-il.
Un espace fait de contrastes
Fragile Chairs est née au Lac Poroto à Hokkaido. Un lieu à l’histoire singulière. « Les Ainu, peuple indigène de l’île, occupaient autrefois cet espace. Maintenant un musée dédié à leur histoire a vu le jour à cet endroit. C’est aujourd’hui une base de recherche importante dédiée à la culture Ainu », explique l’artiste, qui voit en ce lieu un carrefour important des sociétés humaines. Un espace fait de contrastes, où s’entrechoquent l’évolution constante de notre monde et l’intemporalité du paysage sauvage.
« En installant ces chaises dans l’eau, là où personne ne peut les atteindre, je soulève une question importante : à qui sont-elles vraiment ? », ajoute Hidemi Nishida. En jouant avec les notions d’appropriation et d’appartenance, l’artiste convie l’invisible dans notre environnement. Une invitation à toujours comparer les multiples perceptions d’un même univers. Une réflexion métaphysique que l’auteur poursuit par la suite dans des travaux qui interrogent « la relation entre sciences, histoire et l’évolution de notre vision du monde ».
Fragile Chairs (2017) d’Hidemi Nishida est à découvrir sur son site internet.

© Hidemi Nishida

© Hidemi Nishida

© Hidemi Nishida
LES PLUS POPULAIRES
-
À l’époque Edo, les criminels étaient tatoués
Les tatouages traditionnels avaient une signification très forte, les meurtriers étaient tatoués sur le visage, les voleurs sur le bras.
-
La tradition des œufs noirs du volcan de Hakone
Dans la vallée volcanique de Owakudani, de curieux œufs noirs aux vertus bienfaisantes sont cuits dans les eaux sulfuriques.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
Akizuki-no-tori, vivre à la frontière
Cette maison d'hôtes inspirée des résidences de samouraïs a été pensée comme un trait d'union entre l'ancien et le nouveau.