Pour Hideka Tonomura, l’amour, au-delà des tabous
La série photographique “mama love” aborde une des questions les plus sensibles de notre société : la sexualité d’une mère infidèle.
Hideka Tonomura, “mama love”
C’est dans une histoire personnelle, celle de sa mère et de sa vie intime, que s’immisce Hideka Tonomura à travers son objectif. La série mama love, publiée en 2008, est composée de deux parties. La première, présentée ici, réunit des clichés sombres, intrigants, poétiques et sensuels.
L’artiste, née en 1979 et représentée par la Zen Foto Gallery de Tokyo, plonge le public dans des archives personnelles, qui attirent et mettent mal à l’aise.
Un désir d’amour
Les photographies réunies par Hideka Tonomura dans mama love ne visent pas à faire passer un message. Il s’agit davantage d’un témoignage personnel, celui d’un moment : lorsque l’artiste prend conscience de la sexualité de sa mère qui révèle, en s’exhibant, sa nature de femme. Il naît de ces instants où la mère se livre à l’objectif de sa fille, une complicité singulière. L’artiste s’attaque ici aux tabous, à celui de l’autonomie de la femme dans ses envies, et à celui de ses désirs. mama love est un portrait intime de la vie amoureuse de la mère de la photographe.
La première partie de la série, réalisée en noir et blanc, montre la mère de Hideka Tonomura aux côtés de son amant. L’artiste masque le visage de celui-ci, focalisant l’attention du spectateur sur celui de sa mère. Ces photographies entre intrusion intime et documentation personnelle, l’amènent à se tenir à côté, au-dessus du couple, semblant alors en plein ébats.
Hideka Tonomura détaille les contours de leur connivence, dans un entretien accordé au site Mirrored Society. « La relation de ma mère était un acte de vengeance en réponse à la violence de mon père, puis au cancer de l’estomac de stade 4 qui la touchait — elle voulait se retrouver en tant que femme. J’étais là pour assister à cette histoire, et je suis donc devenue sa complice. Mais ce que j’ai trouvé, c’est l’amour entre ma mère et moi sur les photos. Pour la première fois de ma vie, après avoir regardé de près les photographies, je me suis rendu compte que ma mère m’aimait. »
Dans un ouvrage suivant, They Called me Yukari (2013), l’artiste réunit des photographies réalisées entre 2007 et 2009, consacrées à sa vie d’hôtesse dans les bars, ses expériences sexuelles et sa nouvelle vie à Tokyo.
mama love (2008), une série de Hideka Tonomura éditée par Akaaaka.
Hideka Tonomura, “mama love”
Hideka Tonomura, “mama love”
Hideka Tonomura, “mama love”
Hideka Tonomura, “mama love”
Hideka Tonomura, “mama love”
LES PLUS POPULAIRES
-
“Mémoires d’une geisha”, déconstruction d’un fantasme
Inspiré d'une histoire vraie, le livre de Yuki Inoue offre un regard intime sur la vie de ces dames de compagnie au début du XXème siècle.
-
WaqWaq Kingdom, musique d'un folklore ultramoderne
Le duo de Shigeru Ishihara et Kiki Hitomi imprègne sa “club music” expérimentale et ses rythmes internationaux de mythologie japonaise.
-
Prodige de la sculpture sur sucre, Shinri Tezuka ranime une tradition ancestrale
Dans ses deux boutiques de Tokyo, l'artisan donne un nouveau souffle à l'art de l'“amezaiku”, qui consiste à sculpter des sucettes en sucre.
-
“YUGEN” à Art Fair Tokyo, l'illumination à travers l'obscurité
Dans cette exposition organisée par Tara Londi, huit artistes ont donné leur version de ce concept essentiel de l'esthétique japonaise.
-
Casa Wabi, une fondation d’art engagée et un pont entre le Japon et le Mexique
Imaginée par un artiste mexicain et conçue par l'architecte japonaise Tadao Ando, elle veille à inclure la communauté locale dans ses projets.