“À l’intérieur des yokai”, monstres en coupe

Les contes et légendes nippones sont truffés de ces petits démons mythologiques, mais, si l’on connaît leur histoire et leurs pouvoirs maléfiques, qu’en est-il de leur anatomie ? C’est pour tenter de percer le mystère de ces créatures que Shigeru Mizuki a imaginé, en 1960, À l’intérieur des yokai, un ouvrage où se succèdent les plans de coupe de 85 monstres folkloriques. 

Shigeru Mizuki est né en 1922 au sein de la petite ville côtière de Sakai Minato, dans la préfecture de Tottori. Passionné de dessin, la guerre saborde ses prétentions artistiques, puisqu’il est enrôlé dans l’armée impériale et rejoint les troupes en Nouvelle-Guinée, où il perdra l’usage d’un bras et attrapera la malaria. Ce n’est qu’en 1957 qu’il embrasse la carrière de mangaka où son enfance, la culture populaire et le monde surnaturel ont une place de choix. Shigeru Mizuki créera et présidera d’ailleurs la Sekai Yokai Kyokai, une association regroupant les passionnés de ces fantômes nippons. 

Percer les secrets des yokai

Grâce aux dessins de Shigeru Mizuki, on découvre que c’est avec son long estomac que Fukurosage, un tanuki de la région de Nagano, est capable de changer la nourriture en saké. On y apprend aussi comment Mannendake, un bambou âgé de 10 000 ans, utilise ses doigts conçus comme des seringues pour aspirer les âmes des voyageurs égarés. Chaque plan de coupe est accompagné d’un petit texte, écrit par Shigeru Mizuki lui-même, qui permet d’en savoir un peu plus sur le yokai passé au scalpel. Chacun de ces individus est ainsi bien particulier, pourvu d’organes spécifiques lui octroyant ses pouvoirs – souvent – maléfiques. 

Ce n’est pas la première fois que l’auteur s’intéresse à ces créatures folklorique puisqu’on lui doit NonNonBâ, un ouvrage où un jeune garçon découvre l’univers des yokai par l’intermédiaire d’une vieille dame habitant le même village que lui. 

À l’intérieur des yokai (2018), un livre illustré par Shigeru Mizuki publié aux éditions Cornelius.