“Asakusa Kid”, l’intime Kitano
Adapté de l'autobiographie de la star, ce film retrace ses débuts sur les scènes des théâtres tokyoïtes, avant son arrivée à la télévision.
© Netflix
« Un début d’après-midi, en plein été, à la fin du mois de juillet, un jeune homme en débardeur débarquait dans le sixième arrondissement d’Asakusa à Tokyo. Ce type, c’était moi. » En une phrase d’ouverture, le décor d’Asakusa Kid, roman autobiographique de Takeshi Kitano, est posé.
Un roman adapté en 2020 par le réalisateur Hitori Gekidan en un long métrage où le jeune comédien Yuya Yagira — que l’on a pu apercevoir au générique de Nobody Knows de Hirokazu Kore-Eda, rôle pour lequel il a obtenu le prix d’interprétation au festival de Cannes en 2004 — campe Takeshi Kitano, dans les prémices de sa carrière.
De garçon d’ascenseur à star du cinéma
On le découvre alors, en 1970, garçon d’ascenseur dans un club de strip-tease, avant qu’il ne monte sur scène pour remplacer au débotté des comiques absents. Takeshi Kitano découvre alors le goût de l’improvisation, devant un parterre de spectateurs pas vraiment acquis à sa cause, ceux-ci n’ayant pas tout à fait poussé les portes du cabaret pour venir assister à un spectacle humoristique.
Hitori Gekidan, qui confiait en novembre 2020 à Vanity Fair avoir « longtemps attendu le jour où je pourrais travailler avec tout le monde sur une personne, une ville et une histoire que j’aime », filme un Takeshi Kitano déjà roublard, s’arrangeant avec la vérité, mais développant une relation fort avec Fukami Senzaburo, son mentor. Asakusa Kid retranscrit aussi sa rencontre avec Niko Kaneko, avec qui il quittera le cabaret tokyoïte en 1972 pour former le duo The Two Beats, à l’origine des manzai, ces sketchs qui ont fait leur renommée, basés sur l’improvisation.
Asakusa Kid ne va pas plus loin. Le long métrage se referme sur celui qui n’est pas encore Beat Takeshi, ce réalisateur, acteur, cinéaste, animateur de télévision ou peintre. Le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1997 pour Hana-bi est encore loin. Mais on y décèle déjà les prémices de son style multifacettes, à une période qui signe déjà la fin d’une époque : celle des cabarets du Tokyo populaire, évincés par l’arrivée fracassante de la télévision dans les foyers où pénétrera, en star cathodique, quelques années plus tard, cet Asakusa kid. Cette adaptation cinématographique de Hitori Gekidan est la seconde de l’autobiographie de Takeshi Kitano, déjà portée à l’écran en 2002 par Makoto Shinozaki.
Asakusa Kid (2020), un film réalisé par Hitori Gekidan, disponible sur Netflix.
© Netflix
© Netflix
LES PLUS POPULAIRES
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
La tradition des œufs noirs du volcan de Hakone
Dans la vallée volcanique de Owakudani, de curieux œufs noirs aux vertus bienfaisantes sont cuits dans les eaux sulfuriques.
-
Maquereau grillé façon kabayaki par Tim Anderson
Le chef américain revisite les traditionnelles anguilles kabayaki japonaises en faisant varier l'ingrédient principal.
-
Jinbocho, le quartier des libraires de Tokyo
Les environs de Chiyoda-ku sont réputés pour leurs librairies d'occasion, maisons d'édition et autres curieux antiquaires.
-
Les plats alléchants des films du Studio Ghibli sont bien plus que des détails
La nourriture, souvent inspirée de recettes appréciées des réalisateurs, est un élément majeur de l'intrigue de ces films d'animation.