“Contes de pluie et de lune”, récits fantomatiques nippons
Ueda Akinari signe, avec ce recueil, une oeuvre considérée comme une des plus importantes de la fiction japonaise du XVIIIème siècle.

© Public Domain
Contes de pluie et de lune (Ugetsu Monogatari) plonge le lecteur dans le monde fantastique des fantômes japonais. Composé de neuf contes, cet ouvrage appartient au genre monogatari, que l’on peut traduire par « récit ». L’auteur en débute la rédaction en 1768, mais il ne sera publié qu’en 1776, Ueda Akinari ayant souhaité en soigner les moindres détails.
Ueda Akinari, né d’une courtisane et d’un père inconnu, est recueilli par un riche marchand alors que sa mère l’abandonne dans ses jeunes années. Après le décès de son père adoptif, il reprend son entreprise mais se révèle être dénué de sens commercial et décide d’embrasser en parallèle une carrière plus littéraire en se mettant à écrire. Cette passion de l’écriture ne le quittera pas. Alors qu’il délaisse quelques années plus tard le commerce pour la médecine, il continue de publier ses oeuvres.
Des esprits ancrés dans le réel
Contes de pluie et de lune, considéré comme une des oeuvres les plus importantes de la fiction japonaise du XVIIIème siècle, met à l’honneur les fantômes. Pas les fantômes inquiétants qui peuplent les histoires d’épouvante occidentales, mais ceux qui, dans la culture nippone, se mêlent et se confondent avec les vivants. Ils reviennent dans le monde réel pour retrouver un être cher, honorer une promesse mais aussi, parfois, pour se venger.
Pour son récit, Ueda Akinari s’inspire d’anciennes histoires japonaises, mais surtout chinoises, qu’il teinte de couleurs nippones, notamment avec l’ajout de références à la nature, aux kami ou encore aux temples bouddhistes et shintoïstes.
Contes de pluie et de lune a lui aussi inspiré d’autres artistes. Kenji Mizoguchi mettra en scène à l’écran deux nouvelles tirées du recueil dans Les contes de la lune vague après la pluie. Un film récompensé d’un Lion d’argent à la Mostra de Venise en 1953.
Conte de pluie et de lune (1776), un recueil de Ueda Akinari, publié aux éditions Gallimard.

© Gallimard
LES PLUS POPULAIRES
-
Namio Harukawa, maître du dessin SM
“Garden of Domina” offre une plongée dans l’univers d'une icône de l'“oshiri”, dont l’œuvre a aujourd’hui atteint le monde entier.
-
Araki nous explique lui-même ses chefs-d’œuvre qui ont marqué l’histoire
Le photographe japonais Nobuyoshi Araki prend des photos depuis plus d'un demi-siècle, abordant sans cesse de nouveaux thèmes et techniques.
-
“Buto”, la danse des ténèbres révolutionnaire
Né dans un contexte d’après-guerre rythmé par des mouvements contestataires, cet art subversif rejette les codes artistiques traditionnels.
-
Les hommes de bois de Nagato Iwasaki
Dans sa série “Torso”, l'artiste sculpte des statues d’hommes et femmes à partir de bois flotté, qu’il place ensuite dans la nature.
-
Ryo Fukui — Redécouverte d’une légende du jazz japonais
La discographie du pianiste a été rééditée à la demande du public, illustrant un regain d'intérêt pour ce genre musical au sein de l'archipel.



