Gashadokuro, la légende du squelette affamé
Cette créature mythique assoiffée de sang et de vengeance alimente depuis des siècles la culture populaire japonaise.
© The Trustees of the British Museum
Issu du folklore japonais, le Gashadokuro qui signifie littéralement « squelette affamé », fait partie de la grande famille des yokai (« esprit », « fantôme », « démon » en japonais). Par sa taille démesurée, il est également nommé O-dokuro qui se traduit par « squelette géant ».
Quinze fois plus grand qu’un être humain, ce monstre mythique détient des pouvoirs surnaturels dont l’invisibilité et l’invincibilité. De ce fait, seul un grand prêtre shinto est capable de le conjurer.
Une créature nocturne
Dans une première légende, le Gashadokuro est décrit comme une armée de milliers de squelettes, ressuscités d’entre les morts. Cependant, au fil du temps, il apparaît sous la forme d’un spectre squelettique au dos courbé. Créée à partir d’amas d’os de personnes mortes de famine ou sur un champ de bataille, cette créature prend vie uniquement si les défunts n’ont pas été enterrés.
En quête de vengeance et de justice face à ces âmes dans le déshonneur, l’esprit erre dans les campagnes après minuit. Lorsqu’il se déplace, il émet des claquements dont l’onomatopée japonaise s’écrit gachi gachi. Son but est de trancher la tête des voyageurs solitaires afin de s’abreuver de leur sang. Néanmoins, il est possible de se rendre compte de sa présence en amont grâce à une sensation de bourdonnement dans les oreilles.
Une icône culturelle
Les représentations du Gashadokuro sont nombreuses mais la plus connue reste le triptyque d’estampes de Kuniyoshi Utagawa, Takiyasha la sorcière et le fantôme du squelette (1844). Ainsi, l’artiste met en scène la princesse invoquant le yokai afin de protéger le palais de ses ennemis.
De nos jours, le squelette affamé reste populaire et on le retrouve dans la pop culture, campant des personnages antagonistes. Il figure notamment dans le film d’animation Pompoko (1994) mais aussi dans les mangas One Piece (1997) et Inu x Boku SS (2009). Cette créature légendaire s’invite aussi fréquemment dans les jeux vidéos comme dans The Legend of Zelda: Majora’s Mask (2000) ou Dark Souls 3 (2016).
Takiyasha la sorcière et le fantôme du squelette (1844), un triptyque d’estampes de Kuniyoshi Utagawa qui fait partie de la collection du British Museum.
Yokai.com © Matthew Meyer
© 2005-2021 STUDIO GHIBLI Inc.
LES PLUS POPULAIRES
-
“Les herbes sauvages”, célébrer la nature en cuisine
Dans ce livre, le chef étoilé Hisao Nakahigashi revient sur ses souvenirs d’enfance, ses réflexions sur l’art de la cuisine et ses recettes.
-
Shunga, un art érotique admiré puis prohibé
Éminemment inventives, se distinguant par une sexualité libérée, ces estampes de la période Edo saisissent des moments d'intimité sur le vif.
-
Le périple enneigé d’un enfant parti retrouver son père
Le film muet “Takara, la nuit où j'ai nagé” suit un jeune garçon sur la route, seul dans un monde d'adultes qu'il a du mal à appréhender.
-
L'homme qui construisait des maisons dans les arbres
Takashi Kobayashi conçoit des cabanes aux formes multiples adaptées à leur environnement et avec un impact limité sur la nature.
-
Les illustrations calligraphiques d'Iñigo Gutierrez
Inspiré du “shodo”, la calligraphie japonaise, l'artiste espagnol établi à Tokyo retranscrit une certaine nostalgie au travers de ses oeuvres.