“Little Miss Sumo”, la force des femmes
Dans ce court-métrage, Hiyori Kon se bat pour décrocher un titre de championne du monde et briser les inégalités de genre au Japon.
© Netflix
Le monde des sumo est un monde à part, un monde de fantasmes où perdurent les codes d’une culture séculaire. Dans les heya professionnelles de ces lutteurs hors-normes, le règne est masculin. Ceci s’explique facilement : les femmes étant considérées par la religion shinto comme impures, il leur est interdit de fouler le ring de combat.
Les sumo professionnels, considérés comme des demi-dieux sont donc un des emblèmes visibles de la division patriarcale de la société nippone. Et c’est celle-ci que Hiyori Kon, sumo de 20 ans, entend bousculer en visant le titre de championne du monde. « La femme idéale au Japon est discrète et marche trois pas derrière l’homme. Les femmes ne sont pas censées être vues », lance la jeune femme avant de poursuivre, « c’est pour cela que l’on déplait à certains. »
Une carrière sans débouchés après l’université
Dans ce court-métrage de 19 minutes, le réalisateur britannique Matt Kay suit Hiyori Kon, de la heya d’Osaka où elle s’entraîne aux paysages enneigés de la région d’Aomori, d’où elle est originaire et où réside encore la plupart de sa famille. Les spectateurs assistent à ses entraînements, ses séances de kiné, mais aussi aux discussions avec sa mère, qui a toujours été un de ses plus fidèles soutiens.
« Je crois que si je travaille dur, le sumo féminin cessera d’être discriminé. Je continue de me battre », explique la jeune femme. Une immersion dans son quotidien qui précède l’apogée du documentaire : sa participation aux championnats du monde — nous n’en dirons pas plus quant à l’issue de cette compétition pour ne pas gâcher le suspens.
Little Miss Sumo est donc davantage un plaidoyer pour la lutte contre les inégalités hommes-femmes au Japon, par l’intermédiaire de la voix de Hiyori Kon. Une sumo à part entière qui va bientôt devoir déserter les rings. En effet, le sumo féminin n’offre guère plus de débouchés une fois le cursus scolaire ou universitaire terminés. Mais la jeune femme n’a pas pour autant prévu de relâcher son combat et encourage même ses consoeurs à rejoindre ses rangs : « Si nous élevons la voix en tant que femmes sumo, si nous travaillons à diffuser le sumo féminin dans le monde, je pense que les gens nous rejoindrons dans la lutte contre les inégalités de genre », conclut-elle.
Un documentaire qui offre une vision complémentaire au travail photographique initié par Nicolas Datiche, dans une heya de Tokyo en 2016, intitulé Joshi sumo.
Little miss sumo (2018), un documentaire réalisé par Matt Kay, disponible sur Netflix.
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