“Onna bugeisha”, femmes samouraïs
Ces guerrières, formées au maniement de l’épée et de la lance, ont assuré, durant l’époque féodale, la protection de certains clans.
Tomoe Gozen © Public Domain
Lorsque l’on envisage les membres de la classe guerrière japonaise, qui a dirigé le Japon durant près de 700 ans, se dessinent immanquablement des traits masculins, le corps protégé par une lourde armure, sabre à la main. Aucune présence féminine ne vient à l’esprit. L’art perpétue ce manque de représentation puisque les femmes entourant les samouraïs sont souvent reléguées au rang de femmes d’intérieur, ceintes de kimonos.
Pourtant, il a bel et bien existé des femmes samouraïs, membres de la classe bushi, mi-guerrières mi-nobles, dénommées onna bugeisha. Mais la littérature est si peu dense à leur sujet qu’il peut parfois être difficile de noter ce qui relève tantôt du mythe tantôt de la réalité. Premier exemple, l’impératrice Jingu, qui mena une invasion de la Corée vers l’an 200 après que son mari l’empereur Chuai fut tué au combat. Une invasion victorieuse, que la légende raconte exempte de sang versé. Toujours est-il que l’impératrice Jingu est la première femme à voir son effigie sur un billet de banque japonais en 1881.
L’âge d’or de l’époque de Kamakura
Mais c’est surtout durant l’époque de Kamakura (1185-1333), début de l’âge des guerriers, que les onna bugeisha ont le plus servi les armées des guerres claniques nippones. Tomoe Gozen est une de celles-ci, envisagée comme la meilleure représentation de la femme guerrière. Épouse d’un général du clan de Minamoto, elle fût nommée, devant ses prouesses, capitaine des troupes, une première pour une femme.
Des capacités louées dans Le Dit des Heiké : « d’une force et d’une adresse rare à l’arc, que ce fut à cheval, que ce fut à pied, le sabre à la main, c’était une guerrière capable d’affronter démons ou dieux et qui seule valait mille hommes. » Ou encore, « experte à monter les chevaux les plus fougueux, à dévaler la pente la plus raide, dès que l’on parlait bataille, vêtue d’une lourde armure aux plaques serrées, le grand sabre et l’arc puissant à la main, elle apparaissait à l’ennemi comme un capitaine de premier plan. Elle avait accompli de si brillants exploits que nul ne l’égalait. » La figure de Tomoe Gozen continue de fasciner, puisque sa vie a été adaptée au théâtre, dans la pièce jouée en 2013 au théâtre Meiji-za, Tomoe Gozen – la légende de la femme guerrière.
L’époque Edo (1603-1868) signe à la fois le retour d’une politique plus rigoriste concernant les femmes, qui n’ont désormais plus le droit de voyager seules dans l’archipel, mais aussi, dans ses dernières années, l’anéantissement de la classe des samouraïs. Les figures d’onna bugeisha se font ainsi plus rares, même si les exploits de Tsuruhime Ohiri défraient la chronique. À la mort de son père et de son frère, celle qui fut formée au combat prend part à la bataille d’Aizu en 1868, en commandant une unité exclusivement féminine.
S’il est encore difficile de savoir si ces femmes samouraïs disposaient d’une réelle marge de manoeuvre, puisqu’il semble qu’elles prennent principalement les armes à la mort de leur mari ou de leur père, leur figure continue de fasciner, en témoigne par exemple l’héroïne de Hayao Miyazaki Princesse Mononoke.
© Yōshū Chikanobu Tomoe Gozen - Public Domain
Tomoe Gozen © Public Domain
“Princesse Mononoke” © Studio Ghibli, all rights reserved
“Princesse Mononoke” © Studio Ghibli, all rights reserved
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