“Tokyo Godfathers”, en quête de rédemption
Dans ce film sur fond de critique sociale, le réalisateur Satoshi Kon met en scène un trio de sans-abris face à leurs responsabilités.
© 2015-2020 GKIDS, INC.
Gin, un alcoolique ruiné, Hana, une femme transgenre et Miyuki, une adolescente fugueuse, incarnent les anti-héros du troisième film d’animation de Satoshi Kon, Tokyo Godfathers (2003). La veille de Noël, les trois protagonistes excentriques trouvent un nouveau-né au milieu des ordures qu’ils nomment Kiyoko (« enfant pur » en japonais). À la suite de cette rencontre fortuite, ils décident de partir à la recherche de la mère biologique. Ainsi, commence leur périple de plusieurs jours dans les rues enneigées de Tokyo.
Après Perfect Blue (1997) et Millenium Actress (2001), le réalisateur japonais met en scène une comédie inspirée du western Three Godfathers de John Ford (1948). Malgré un échec à sa sortie en salle, le long-métrage a reçu, la même année, le prix du meilleur film d’animation aux Mainichi Film Awards.
Une aventure tokyoïte
Soucieux du détail, Satoshi Kon plonge le spectateur à la découverte de Tokyo de manière réaliste. La capitale en devient même un personnage à part entière. Ainsi, dans certaines scènes, la ville semble prendre un côté animiste. Les climatiseurs et les fenêtres deviennent des yeux ou des bouches afin de surveiller et protéger le trio tout au long du film.
Dans ce voyage urbain rythmé se dévoile leur statut de parias. Rejetés des supermarchés, frappés par de jeunes hommes, mal vus dans les transports… Sur un ton de légèreté, les spectateurs deviennent témoins d’une injustice sociale. Le cinéaste ne voulait pas représenter les personnes défavorisées comme des êtres faibles ou malheureux. Le but étant « d’étudier comment une personne en marge de la société pourrait une fois de plus lui donner un nouvel éclat », comme l’explique le réalisateur dans un entretien avec AnimeNewsNetwork.
La magie de Noël
Dans ce récit à l’ambiance festive, Satoshi Kon mêle réalité et fiction. Afin de faire avancer l’histoire, des événements surréalistes interviennent. Cela fait écho à la période de fin d’année qui est synonyme de miracle. Néanmoins, l’intrigue pleine de rebondissements reste toujours convaincante aux yeux du public.
Ce concours de circonstances où souvenirs et illusions s’entremêlent permet également aux personnages d’affronter leurs passés respectifs. Au fur et à mesure, la quête pour retrouver les parents de Kiyoko donne l’occasion à la bande de trouver la pénitence, la rédemption ainsi que le pardon. Attachants, les trois anti-héros qui ont perdu leur maison mais aussi leur famille, tissent des liens forts et offrent une nouvelle image d’un foyer heureux. Pour Satoshi Kon, Tokyo Godfathers incarne la restauration de relations familiales car « le bonheur est un processus de récupération », comme il l’exprimait pour Kon’s Tone.
Tokyo Godfathers (2003), un film réalisé par Satoshi Kon et distribué par Sony Pictures.
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