Une vie en boucle dans “Salaryman 6”

« Ma vie est une boucle », lâche Shiode, le salaryman héros du court-métrage Salaryman 6, sorti en 2002. Co-écrit par Ryoko Tanaka et Jake Knight, ce film d’un peu plus de sept minutes entend mettre en lumière le quotidien millimétré et surtout implacablement identique des travailleurs japonais.

En ouverture, un homme, étalé sur la moquette d’un open-space, semble être inanimé. Alors que deux de ses collègues s’approchent, celui-ci reprend ses esprits et retourne devant son poste de travail. Seul problème : alors qu’il se réveille le lendemain matin, il n’a aucun souvenir de ce qu’il s’est passé la veille. Il décide alors de trafiquer un de ses appareils photos numériques afin qu’il puisse prendre des clichés de manière automatique. Tous les jours, il porte donc cet appareil sur sa veste de costume, tandis que la machine se charge de collecter des bribes de son quotidien.

Une vie quotidienne étouffante

Avec une photographie aux couleurs neutres, des buildings gigantesques dont les portes et fenêtres se reproduisent sur des centaines de mètres carrés de manière identique, un trajet en métro semblable matin et soir, un arrêt au même konbini jour après jour pour y acheter ses repas… Tout est fait pour donner l’impression d’une vie bloquée en boucle, où rien ne diffère d’un jour à l’autre, même la tenue du héros et les gestes qu’il fait alors qu’il passe la porte de son appartement.

Sept minutes suffisent pour provoquer une sensation d’étouffement, avec l’impression d’être pris dans une roue de laquelle on ne peut s’extraire. Un quotidien qui est celui de nombreux salarymen japonais, dont le dévouement et l’attachement à l’entreprise sont des vertus cardinales. Mais avec lesquelles la jeune génération semble de plus en plus en rupture.

Salaryman 6 (2002), un court-métrage de Ryoko Tanaka et Jake Knight. Plus d’informations sur le site internet de l’agence onedotzero.