Taketomi, une île figée dans le temps
Ici, pas de route goudronnée, d’immeuble de plusieurs étages ni même de “konbini”, ces petites supérettes pourtant incontournables au Japon.
©Jun Hasegawa
Avec ses plages de sable blanc, son eau turquoise et son climat chaud, Taketomi ressemble davantage aux îles tropicales qu’aux îles nippones. Et pour cause. Si l’on cherche la minuscule Taketomi sur un planisphère, c’est à côté de Taiwan – et donc du tropique du Cancer, qu’elle se dessine.
L’île de Taketomi fait partie de l’archipel Sakishima, groupement d’îles le plus méridional du Japon, et est ainsi bien plus proche de Taiwan et Hong Kong que de Kyoto ou Tokyo. Si Iriomote est l’île la plus connue de cet archipel paradisiaque où se rendent chaque année de nombreux Japonais pour goûter aux plaisirs du farniente et des sports nautiques, Taketomi fait figure de discrète voisine. Avec ses six petits kilomètres carré et ses 360 habitants, l’île a pourtant de quoi séduire tant le temps semble s’y être arrêté.
Une île-musée
Ici, pas de route goudronnée, d’immeuble haut de plusieurs étages ni même de konbini, ces petites supérettes pourtant incontournables au Japon. Visiter Taketomi, c’est faire un saut dans le passé. Toute nouvelle construction y est soumise à des règles urbanistiques strictes. On emprunte donc des chemins de sable blanc pour rejoindre le seul village de l’île, où l’on admire les maisons traditionnelles typiques du royaume de Ryukyu, auquel appartenait l’île du XIVème au XIXème siècle. Avec leurs jardins fleuris de bougainvilliers, encerclés délicatement d’un petit muret de pierre et leurs maisons de plain-pied aux toits de tuiles d’argile rouge, ces constructions contrastent avec l’architecture japonaise traditionnelle.
Les plus attentifs remarqueront également la présence de petites statuettes en terre cuite représentant un animal hybride, entre un lion et un chien, scellées sur les toits. Ce sont les shisa, des petites créatures héritées de Chine, censées porter bonheur et protéger les maisons des esprits diaboliques.
Des plages où l’on ne se baigne pas
L’île de Taketomi, en plus de son unique village, est également connue pour ses plages où se mêlent eau turquoise et sable blanc. Mais ici encore, l’accent est mis sur la préservation du milieu naturel. L’île faisant partie du parc national d’Iriomote-Ishigaki, la baignade n’est autorisée que sur une seule plage, celle de Kondoi.
Les autres plages, plus sauvages donc, valent également le détour même si la baignade y est interdite. En particulier la plage de Kaiji. On y trouve le fameux sable étoilé, appelé hoshizuna, qui fait la renommée de l’île. En effet, à peine plonge-t-on sa main dans le sable qu’elle en ressort constellée de petites étoiles, qui sont en fait des exosquelettes de protistes, considérés comme les premiers êtres vivants sur terre. Un trésor naturel qu’il est important de protéger, en le laissant sur place.
L’île, accessible en quinze minutes par bateau depuis l’île de Ishigaki, est une parfaite excursion d’une journée. Mais pour ceux qui voudraient profiter du calme qui y règne à la nuit tombée, il est tout à fait possible d’y passer la nuit. Vous l’aurez compris, ici, pas d’hôtel gigantesque, uniquement des minshuku, ces maisons d’hôtes japonaises où l’on est accueilli par des habitants, au sein de leurs maisons. La meilleure façon, sans aucun doute, de découvrir l’âme de cette île sauvage et préservée.
Taketomi est accessible par ferry depuis l’île d’Ishigaki qui dispose d’un aéroport.
©Jun Hasegawa
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