Célébrer la beauté des arbres japonais

Trois photographes rendent hommage, chacun à leur manière, à la majesté des arbres japonais, avec un livre et une double exposition.

25.09.2019

“Saga City, Saga Prefecture”, 2014 © Toshio Shibata

Avec Treescapes, une exposition commune qui s’est tenue du 13 septembre au 27 octobre 2018, commissionnée par la galerie new-yorkaise Laurence Miller, Yoko Ikeda et Toshio Shibata ont mis en perspective leurs regards sur la nature, très différents mais complémentaires.

Toshio Shibata, l’un des plus célèbres photographes de paysages japonais, s’est fait connaître pour son travail qui explore les interactions entre la nature et les infrastructures créées par l’homme. L’artiste, né en 1949, a vécu en Belgique avant de s’établir à Tokyo. Lors de son retour au Japon, frappé par le mélange hétéroclite des paysages traditionnels et des influences occidentales de la région, il s’est concentré sur la beauté des « structures non-photogéniques […], que la plupart des photographes ignorent », comme il le confie dans une interview au GuardianSur ses images, les arbres ne composent qu’une partie du cadre. Ils entourent des barrages, magnifient un pont ou sont plantés à équidistance dans un champ, pour les besoins d’une culture.

 

Au plus près des écorces

Sa partenaire d’exposition, Yoko Ikeda, a abordé le sujet sous un tout autre angle. Chez elle, les arbres emplissent le cadre jusqu’à en déborder. Les callosités des écorces sont perceptibles et les couleurs intenses, presque surexposées. Des feuilles mortes jonchent une bâche turquoise à Takamatsu, des pics verts et roses sur un arbre de Kyoto ou des branches lourdes de fleurs à Misato, dans la préfecture de Kumamoto : là où Toshio Shibata photographie les grandes étendues, Yoko Ikeda, elle, resserre le cadre et traque les détails.

La dimension magique de son œuvre fait écho au travail de Lena C. Emery, jeune photographe allemande tombée amoureuse des arbres dans son enfance, lors de promenades dans les réserves naturelles de Singapour. Son livre, Yuka & the Forest, raconte le voyage contemplatif de Yuka, personnage de fiction solitaire, dans les espaces mystérieux, denses et poétiques de la forêt japonaise. La photographe rend ainsi hommage au concept shintoïste de chinju-no-mori (l’idée, dans les grandes lignes, de sacralisation et de protection de la nature), qu’elle a découvert lors de ses nombreux allers-retours au Japon. L’ouvrage, entièrement imprimé sur papier recyclable, œuvre d’ailleurs activement pour préserver la forêt : 10% des bénéfices des ventes sont reversés au WWF pour la sauvegarde de l’environnement.

 

Treescapes (2018), une exposition de Toshio Shibata et Yoko Ikeda organisée par la galerie Laurence Miller.

Yuka & the Forest (2018), un livre de photographies de Lena C. Emery, publié par Art Paper Editions.

“Kuroishi City, Aomori Prefecture”, 2006 © Toshio Shibata

“Hirakawa City, Aomori Prefecture”, 2006 © Toshio Shibata

“Yuka and The Forest”, book by Lena C. Emery published by Art Paper Editions.

“Yuka and The Forest”, book by Lena C. Emery published by Art Paper Editions.

“Yuka and The Forest”, book by Lena C. Emery published by Art Paper Editions.