La banalité du quotidien sublimée par le regard de Max Zerrahn
Dans sa série “蛇足 Snake Legs”, le photographe explore la beauté de la vie quotidienne aperçue à Tokyo et Kyoto.
© Max Zerrahn
La vie quotidienne, dans ce qu’elle a de plus banal et routinier, n’est pas toujours synonyme d’ennui. En témoigne la série photographique 蛇足 Snake Legs de Max Zerrahn. Ce photographe indépendant, spécialisé habituellement dans le portrait, s’est frotté le temps de voyages au Japon au monde de l’ordinaire. Des détails facilement occultés, des corps anonymes, la banalité du quotidien sont désormais examinés, auscultés par son objectif.
Installé à Berlin, le photographe qui devait initialement partir pour le Japon avec un ami voyage finalement seul. « Cela m’a laissé beaucoup de temps pour me promener sans but. En prenant beaucoup de photos », explique Max Zerrahn. Une fois de retour chez lui, il constate que les petits détails du quotidien sont très présents dans ses photos et décide de repartir quelques mois plus tard dans l’archipel pour poursuivre sa série et lui donner plus de corps.
Sortir d’une vision stéréotypée
« Lorsque vous voyagez et explorez un pays étranger photographiquement, vous vous laissez trop facilement emporter par la sur-stimulation visuelle et l’exotisme d’un nouvel endroit. Vous descendez de l’avion et vous vous laissez happer par ces clichés stéréotypés », indique Max Zerrahn. Le photographe décide alors de se concentrer sur les situations et détails qui peuvent échapper aux regards happés par la découverte d’un nouveau paysage.
« Après quelques jours, j’ai fini par comprendre que ce qui m’intéressait vraiment d’un point de vue visuel se produit ailleurs. J’aime quand les images restent quelque peu ambiguës et m’attarder sur des événements quotidiens plus petits, des détails intimes, des traces, des choses laissées de côté qui attirent généralement mon attention. » C’est donc dans les quartiers résidentiels de Tokyo et Kyoto que Max Zerrahn laisse traîner son objectif et capture un quotidien nippon. Ici, des pieds croisés que l’on imagine appartenir à une jeune étudiante. Là, des gants suspendus à un grillage ou encore un tuyau d’arrosage sortant d’une canalisation. Avant de s’aventurer dans un Japon plus rural.
« Je semble être plus intéressé par la façon dont les gens garent leurs vélos dans leur entrée. Je suis aussi plus susceptible de voir quelque chose qui attrape mon attention sur un parking de laverie de banlieue vide que sur des rues commerçantes surpeuplées », poursuit-il. Max Zerrahn invite à une balade hors des sites japonais incontournables et propose une nouvelle lecture du pays, moins pittoresque mais tout aussi représentative de ce qu’est le Japon aujourd’hui.
蛇足 Snake Legs (2020) est un livre de Max Zerrahn édité par White Belt Publishing.
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
© Max Zerrahn
LES PLUS POPULAIRES
-
“Mémoires d’une geisha”, déconstruction d’un fantasme
Inspiré d'une histoire vraie, le livre de Yuki Inoue offre un regard intime sur la vie de ces dames de compagnie au début du XXème siècle.
-
La ville de Kurashiki, « petite Venise du Japon »
Le district de Bikan dans la ville de Kurashiki, avec la rivière Takahashi et ses nombreux canaux, a acquis la réputation d'être la Venise du Japon.
-
WaqWaq Kingdom, musique d'un folklore ultramoderne
Le duo de Shigeru Ishihara et Kiki Hitomi imprègne sa “club music” expérimentale et ses rythmes internationaux de mythologie japonaise.
-
Prodige de la sculpture sur sucre, Shinri Tezuka ranime une tradition ancestrale
Dans ses deux boutiques de Tokyo, l'artisan donne un nouveau souffle à l'art de l'“amezaiku”, qui consiste à sculpter des sucettes en sucre.
-
“YUGEN” à Art Fair Tokyo, l'illumination à travers l'obscurité
Dans cette exposition organisée par Tara Londi, huit artistes ont donné leur version de ce concept essentiel de l'esthétique japonaise.