Un mode de photographie multiforme, passant librement d’un appareil à l’autre

Le cœur serré, Araki #05

12.04.2017

TexteShingo Sano PhotographiesToru Hiraiwa

Araki utilise différents formats pour s’exprimer : moyen format, format compact, films instantanés. Quel secret y a-t-il derrière ces appareils photo ?

Dans le sens des aiguilles d’une montre depuis le haut : Pentax LX (reflex mono-objectif 35 mm manuel), Pentax MZ-S (reflex mono-objectif 35 mm autofocus), film instantané couleur Fo 600 de marque « Impossible », Nikon 1 J5 (reflex mono-objectif numérique sans miroir), Polaroïd SLR 680 (appareil photo instantané reflex mono-objectif). Tous les appareils, hormis le Nikon numérique, sont des modèles qui ne sont plus vendus. Araki possède aussi divers autres boîtiers, notamment de marque Leica, Contax et Mamiya. Pour les pellicules, il recourt selon le cas à des films couleur, noir et blanc, à basse sensibilité, etc.

Utilisant principalement son Pentax moyen format, il prépare aussi lors de ses prises de vues un 35 mm autofocus, un 35 mm manuel, un appareil numérique mono-objectif sans miroir et un Polaroïd mono-objectif prêts à l’emploi. Ce n’est là qu’un exemple, mais il doit être difficile de trouver ailleurs dans le monde un photographe utilisant autant d’appareils pour une séance de photographie d’un modèle. Que ce soit pour la mode ou des nus, recourir à différents appareils et créer dans un même temps plusieurs œuvres avec pour sujet un seul modèle, voilà le style de photographie d’Araki.

L’appareil d’éclairage HMI, favori d’Araki, apportent elle aussi sa contribution à ce style unique. Ces lampes HMI émettent en permanence une lumière aux tons proches de la lumière naturelle, contrairement au flash qui se déclenche en même temps que l’obturateur, elles n’ont pas besoin d’être reconnectées quand on change d’appareil photo. Elles permettent de prendre des photos avec des appareils numériques ou des appareils instantanés qui ne sont pas compatibles avec les autres équipements d’éclairage.

Son appareil moyen format est systématiquement fixé à un trépied, il prend ces principaux clichés dans un angle choisit jusqu’à épuisement de la pellicule, puis il passe aux appareils 35 mm, numériques ou instantanés. Une fois cette étape passée, il se saisit de l’appareil qu’il gardait à portée de la main, et commence une danse autour de son modèle. Toujours en mouvement, il saisit des expressions différentes sous plusieurs angles. Ces mouvements et actions sont comme des vagues incessantes, il impose ce rythme jusqu’à la fin de la séance.

Araki, maniant son appareil comme un prolongement de son propre corps. Araki garde ses lunettes lors des séances photo, il manie son appareil comme le prolongement de son propre corps, il a toujours un mot pour son modèle lorsqu'il déclenche l’obturateur.

Les clichés réalisés sont gardés en réserve comme des archives de créations qui peuvent être utilisées pour de nouveaux recueils de photographies ou à l’occasion d’expositions. Dans certains cas, Araki fait des découpages et des collages de négatifs ou de tirages de ses clichés, il applique des couleurs à ses photos, donnant ainsi naissance à des œuvres multiformes, avec des techniques qui lui sont propres.

Ses prises de vue dépendent de l’état psychologique de ses modèles qui sont face à ce génie qu’est Araki qui s’engage de tout son corps et de tout son esprit dans ce travail, par n’importe quel moyen et sans relâche. On comprend aisément que les modèles aient envie d’apporter en réponse la meilleure prestation possible.

Ce Pentax 67 II, il l'utilise souvent en tant qu’appareil principal lors des séances en studio, c'est un moyen format particulièrement lourd qu’il l’utilise avec un trépied. Le bruit du déclencheur lui plaît.

Le cœur serré, Araki —
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