Les premières cartes postales d’un Japon auparavant fermé aux étrangers
Le Japon s'est ouvert au XIXème siècle au reste du monde qui l'a alors découvert par le biais de photographies colorisées à la main.
© Photography Collection The New York Public Library
Pendant deux siècles et demi, le Japon adopte une politique d’isolement intitulée sakoku qui signifie littéralement « fermeture du pays ». Elle est instaurée lors de la période Edo (1650-1842) par le shogun (« général » en japonais) Iemitsu Tokugawa. Ainsi, les habitants ont interdiction de quitter l’île sous peine de mort et inversement, les étrangers ne sont pas les bienvenus sur le territoire nippon.
Cette réclusion volontaire est perçue comme une entrave au développement du commerce mondial et les États-Unis réclament l’ouverture de relations marchandes. En 1858, face à la menace d’un possible conflit, le Japon féodal signe le Traité Harris, également appelé Traité d’amitié et de commerce, avec le Nouveau Monde. Après cela, les Occidentaux font partiellement leur entrée dans ce pays anciennement impénétrable et emportent dans leur bagage des appareils photographiques.
L’image d’une culture haute en couleur
La fin de la politique de fermeture volontaire et le début d’une modernisation frénétique de la société s’illustre à travers l’ère Meiji (1868-1912). Les ukiyo-e (estampes japonaises gravées sur bois) laissent place à une nouvelle technologie venue de France, la photographie. D’abord réservée à la noblesse locale, cet art naissant se démocratise grâce à l’ouverture d’ateliers spécialisés dans la photo qui sont principalement tenus par des Occidentaux.
Avec l’expansion du tourisme, un marché en devenir se déclenche. Des photographes professionnels, notamment Felice Beato et Adolfo Farsari, immortalisent des scènes typiques qui correspondent à l’image fantasmée et pittoresque que les Occidentaux imaginent. Combats de sumo (un sport de lutte), temples traditionnels, portraits de geishas (dame de compagnie qui se consacre à la pratique artistique)… Pour 50 yen (0,39 euros) la photo souvenir pigmentée du Japon, les visiteurs peuvent témoigner de leur passage ou permettre de donner un premier aperçu du pays à l’étranger. Colorisé à la main sur un papier albuminé, ce genre de cartes postales laisse aujourd’hui l’image authentique d’un empire en construction avec une envie de conquêtes coloniales.
Plus d’informations sur le site de la bibliothèque publique de New York.
© Photography Collection The New York Public Library
© Photography Collection The New York Public Library
© Photography Collection The New York Public Library
LES PLUS POPULAIRES
-
Mokuren, des couteaux japonais pour tous
Imaginés par Elise Fouin et le coutelier Yutaka Yazaki, ces ustensiles s’adaptent au marché européen sans sacrifier à la technicité nippone.
-
Guide de survie en société d'un anti-conformiste, épisode 1 : Les choses que je fais en secret pour éviter qu’on ne lise dans mes pensées
Dans cette série, l'auteur Satoshi Ogawa partage les stratégies originales qu’il met en place pour faire face aux tracas du quotidien.
-
Kurotani, le village par excellence du papier washi
Situé au Sud-Est de la préfecture de Kyoto, le village de Kutorani est toujours l'un des principaux producteurs mondiaux de papier washi.
-
Le kanso, l’un des sept piliers du wabi-sabi
Signifiant « simplicité », « sobriété » ou encore « pureté », ce principe issu de la philosophie zen incite à l'élimination du désordre.
-
La communauté transgenre tokyoïte des années 1970 immortalisée par Satomi Nihongi
Dans sa série “'70S Tokyo TRANSGENDER”, la photographe présente une culture et une esthétique en marge des normes sociales.