“Une affaire de famille”, imaginer l’amour

Palme d’or 2018 à Cannes, ce film de Hirokazu Kore-eda explore l’art de vivre ensemble dans une famille aux marges de la société japonaise.

26.09.2022

TexteClémence Leleu

© Le Pacte

De quelle latitude disposent ceux qui se trouvent aux confins de la société ? C’est sans doute la question qui se pose en filigrane tout au long du film de Hirokazu Kore-eda, Une affaire de famille, récompensé en 2018 par une Palme d’or au Festival de Cannes. Ce long-métrage plonge les spectateurs dans le quotidien d’un clan, celui des Shibata qui vivent à cinq dans un petit pavillon de bois, tantôt huis clos étouffant les froides journées d’hiver, tantôt paradis gorgé de lumière les beaux jours revenus. Leur quotidien est fait de larcins et de petites combines pour tenter de survivre dans une société et une ville qui les accule dans leur précaire pré carré, comme le laisse penser le titre japonais du film Manbiki kazoku, littéralement « La famille des vols à l’étalage. »

C’est d’ailleurs ainsi que s’ouvre le récit. Au cœur d’un supermarché, un enfant et un homme que l’on suppose être son père multiplient les codes et les ruses pour réussir à faire tomber le plus de provisions possible dans leur sac à dos, avant de franchir les portes et de déguerpir dans la ville. C’est là qu’ils croisent une petite fille seule sur un balcon dans le froid hivernal. Après lui avoir proposé à manger, ils l’emmènent chez eux pour lui offrir un repas chaud et un peu de réconfort. Se pose alors la question de savoir s’il faut garder cette petite fille ou la ramener chez elle. 

 

Créer ses liens

Une affaire de famille questionne l’amour, celui hérité d’un lien familial et celui que l’on crée avec d’autres, le vivre ensemble. Hirokazu Kore-eda, porté par la musique de Haruomi Hosono, y soulève également la conformité aux règles sociales et les coups endurés par ceux qui tentent de s’y soustraire en vivant à la marge et en réinventant la définition même de lien.

Une des protagoniste souffle à la vieille dame propriétaire de la maison, interprétée par Kirin Kiki, qui lui fait remarquer qu’on ne peut pas choisir ses parents, une phrase qui peut résumer à elle seule toute la quête de cette oeuvre : « Justement, c’est plus fort quand on les choisit soi-même. » Une affaire de famille est ceci : un film qui interroge la force du choix, celui que l’on fait soi-même et ceux que l’on fait pour nous. 

 

Une affaire de famille (2018), un film réalisé par Hirozaku Kore-eda et disponible en DVD, Blu-Ray et VOD.

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