Un blanc vif, qui rappelle les vins d’Alsace

25.08.2019

TexteMiyuki Katori PhotographiesYosuke Owashi

Fukuihara Blanc Domaine Hase

Ce vin est produit par un homme tombé amoureux de la bourgade de Fukuihara. Il a pour nom Fukuihara Blanc. Mitsuhiro Hase nous raconte que la première fois qu’il est venu ici, il a immédiatement eu la vision d’un vaste vignoble sur ces coteaux sauvages, et s’est dit : « C’est ici! ». Peu de temps après, il s’installait dans cette communauté. C’était il y a cinq ans, au moment où il était à la recherche d’un terrain qui réponde aux critères du vin qu’il voulait produire.

Fukuihara se situe dans la localité de Takayama, sur la rive droite de la rivière Chikuma qui coule du sud vers le nord, dans la partie septentrionale de la préfecture de Nagano. Les champs alentours sont souvent en forme d’éventail, et Fukuihara se trouve à la pointe, à une altitude de 790~850 m.

Il est ainsi classé dans la catégorie des exploitations viticoles en climat froid.

Hase avait pour vision, et c’est toujours d’actualité, de produire un vin d’Alsace virtuel, vif et élégant, typique d’un climat froid comme en Alsace. Son approche a consisté à planter plusieurs cépages différents sur le même vignoble, pour les récolter au même moment, et les mélanger puis les vinifier ensemble. Cette pratique de culture intercalaire et de fermentation en commun est d’ailleurs en augmentation dans le monde.

La tendance s’explique par le fait qu’elle réduit l’exposition du raisin aux maladies, permettant ainsi de limiter l’utilisation des pesticides chimiques, voire de l’éliminer. Hase est convaincu que cette pratique est plus respectueuse du sol. « Produire un vin issu de différents cépages qui ont poussé dans un même champ en symbiose avec des micro-organismes, c’est refléter la force naturelle du terroir de Fukuihara, pour arriver à un vin qui émeut autant que ce magnifique paysage », exprime Hase.

Et voilà le résultat. À la première gorgée, c’est une succession d’arômes allant de la pêche blanche aux agrumes. Le corps est structuré, avec une douceur qui se dévoile progressivement. L’acidité arrive en dernier, amplifiant la profondeur des arômes. Un vin en résonnance avec la volonté de son auteur.

Domaine Hase

Superficie du vignoble / 6 ha

Vigneron / Mitsuhiro Hase

Cépages et région : Chardonnay, Sauvignon Blanc, Riesling, Gewurtztraminer, Chenin Blanc, Syrah.

Takayama-mura, Fukuihara (Oaza Makifukuihara, Takayama-mura, Kamitakai-gun, préfecture de Nagano)

Conditionnement / 750ml

Prix / ¥2106

Vinification: Fermentation pendant un mois et demi avec des levures indigènes. Pour cette année, ajout d'une cuvée de Chardonnay extérieure (fermentée pendant moins de trois semaines) et d'une cuvée mélangeant six cépages (contact des peaux effectif) pendant la fermentation, puis poursuite de la vinification. 30 ppm de sulfites au total. Supplément de 20 ppm de sulfites au moment de la presse, pour éviter les risques lors de l'ajout de raisins à pourriture noble. Vin non filtré, non collé. Pas d'ajout de sulfites pendant la mise en bouteille.

※ 65% des raisins de Chardonnay achetés issus de culture classique, les 35% restants traités avec de la bouillie soufrée pendant la période de dormance et cinq épandages de bouillie bordelaise. Ni fertilisation, ni labour, culture enherbée.

www.facebook.com/domainehase

※ Dans cette série d’articles sur le vin naturel, nous présentons des vins naturels et en biodynamie, produits dans le meilleur respect possible de la nature, depuis la pratique culturale du raisin jusqu’à la vinification. Par « fabriquer naturellement », nous entendons « limiter au maximum l’intervention humaine ». Ainsi, la vinification doit se faire sans addition de sulfites au moment du cuvage ou de la mise en bouteille. Les intrants doivent être réduits au strict minimum, et le vigneron recourir aux levures indigènes – en opposition aux exogènes – pour diriger la vinification, sans aucun ajout. Il s’agit aussi de ne pas chaptaliser ni corriger l’acidité, de n’utiliser aucun agent de collage, ni filtre. » En ce qui concerne la pratique culturale, elle est supposée ne faire aucun usage de pesticides chimiques, mais les conditions climatiques du Japon rendant l’agriculture biologique très compliquée, une utilisation a minima des pesticides est parfois nécessaire. D’autre part, nous partons également du principe qu’il n’est fait usage d’aucun herbicide ni engrais chimique. Arriver à produire un vin selon ces méthodes implique de pouvoir cultiver des raisins sains et consacrer une attention scrupuleuse à la vinification. Dans cette série d’articles, nous vous présentons des vignerons, et les vins qu’ils fabriquent en cultivant la vigne aussi naturellement que possible dans le respect du climat local.