Un éloge dansé de l’aube et du crépuscule
La création buto du chorégraphe Ushio Amagatsu, “Arc – Chemin du Jour”, a été révélée en exclusivité mondiale à Paris en avril 2019.
© Théâtre de la Ville
Obscurité. Lumière. Les corps entrent sur la scène du Théâtre de la Ville, poudrés de blanc, presque nus, accrochant le regard. Ils se déplacent avec lenteur, détachent chaque geste, le décortiquent comme pour en retrouver l’essence. Et soudainement, c’est la torsion. Une chorégraphie au mouvement souvent contre-nature. C’est le principe du buto, une danse contemporaine radicale où les corps et les visages se tordent pour exprimer leurs sentiments, dans des gestes tantôt minimalistes, tantôt expressionnistes. Né sur les cendres du Japon d’après-guerre, le buto exprime l’idée de néant et les pulsions de mort d’un peuple désorienté par la défaite et la bombe atomique.
La prépondérance de la nature
Membre de la deuxième génération des danseurs buto, après celle des fondateurs Kazuo Ono ou Tatsumi Hijikata, Ushio Amagatsu forme sa compagnie de danse Sankai Juku en 1975. Cet « atelier de la montagne et de la mer », éléments fondamentaux au Japon, place la nature au cœur de ses spectacles. Dans Arc – Chemin du Jour, mis en scène en avril et mai 2019, ce sont l’aube et le crépuscule qui sont mis en exergue. Les sept danseurs de ce « chemin du jour » y transportent les spectateurs dans une autre temporalité.
L’émotion dégagée par la pureté des gestes, plus particulièrement par la minutie des ports de bras, alliée aux expressions exagérées des visages et aux pas rituels, rend le spectacle hypnotique, d’autant plus que le dépouillement de la scène et le minimalisme des accessoires mettent en valeur la virtuosité des interprètes. Pour la première fois, Ushio Amagatsu n’est pas avec eux sur scène.
Arc – Chemin du Jour (2019), une pièce chorégraphiée par Ushio Amagatsu a été présentée au Théâtre de la Ville à Paris en avril et mai 2019.
© Théâtre de la Ville
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